PROPOSITION #9

Développer des écosystèmes culturels grâce
à des circuits courts de mise en réseau

La volonté de travailler sur les « circuits courts» et les « systèmes de mise en réseau » a été formulée lors du Forum Ouvert « En 2015, quelles actions et quels projets souhaitez-vous expérimenter au regard des droits culturels ? » organisé dans le cadre de la démarche Paideia, les 26 et 27 novembre 2014 à la Condition Publique de Roubaix.
Dès lors, un groupe constitué d’acteurs sociaux et culturels du Département s’est organisé pour réaliser des études de cas ayant pour objectif l’analyse de l’écosystème d’une pratique, d’une institution ou d’un milieu culturel.
Les enseignements tirés de l’ensemble des cas analysés au regard des droits culturels ont permis d’élaborer cette proposition.
Au cours de ce travail, les diverses modalités de connexions ont été particulièrement examinées, que celles-ci relèvent de la médiation technique ou de l’organisation institutionnelles et partenariale.

« Dans un monde confronté à une conjonction de crises entraînant une perte de repères sans précédent. Dans un monde en perpétuelle évolution où les phases de changement se succèdent à un rythme croissant. Dans un monde à la recherche de son identité, de ses valeurs, de son humanité, il peut aujourd’hui apparaître pour le moins incongru de regarder en arrière un moment. S’inscrire dans l’histoire peut pourtant, plus que jamais, faire sens commun : nous avons tous une histoire, nous sommes tous une part de cette histoire. […] En ce qui concerne la genèse du développement durable et des droits culturels, trois textes fondateurs ont posé les bases des démarches que nous connaissons aujourd’hui. […] Il s’agit explicitement de viser le bien-être des femmes et des hommes, dans une approche intégrée, durable et interconnectée aux grands enjeux d’un monde qui bouge. À l’échelle locale, il s’agit donc de penser sa vie, son territoire dans le monde tel qu’il est et de s’impliquer dans son devenir. […] En définitive, l’action spécifique de la politique culturelle départementale doit désormais répondre aux mutations territoriales, en s’interrogeant sur la question des échelles, des partenariats pertinents, des modalités d’intervention, des articulations avec les autres politiques publiques et le projet territorial co-construit. […] Les ressorts citoyens, la capacité d’innovation collective et la confiance mutuelle seront mobilisés pour permettre de s’inscrire dans une perspective de co-responsabilité sociétale et territoriale. Les leviers d’actions seront mobilisés pour poursuivre l’enrichissement du contenu durable des politiques départementales mais aussi pour poursuivre l’innovation, cette capacité de faire de chacun un « Géo Trouvetout » du développement durable et des modalités durables du bien-être de tous. Ces approches rendues aujourd’hui possibles sont le fruit d’une histoire, d’une ambition réaffirmée et d’une mobilisation constante des acteurs impliqués. Les liens tissés entre développement durable et culture permettent désormais de révéler ce qui restait de l’ordre de l’intuition. Les politiques ont dépassé le stade du 4e pilier du développement durable pour avancer vers une communauté de destin visant explicitement le bien-être, l’épanouissement, l’émancipation et la citoyenneté des habitants, citoyens, usagers, bénéficiaires, électeurs… bref de tous sans distinction… défini avec tous sans distinction » [Keiff, 2013, p. 82]

DÉPLOIEMENT DE LA PROPOSITION

ENJEUX

Décloisonner, découvrir, diffuser les pratiques et ressources culturelles d’un territoire
  • Permettre la découverte de pratiques et de structures culturelles peu ou pas encore connues (droit de connaître et de voir respecter sa propre culture ainsi que les cultures des autres, droit d’accéder aux patrimoines culturels, droit de participer à la vie culturelle et aux décisions des communautés dont on est membre, droit à la formation, droit à l’information).
  • Améliorer, décloisonner, créer et développer des circuits pour mieux diffuser les productions artistiques (droit d’accéder aux patrimoines culturels, droit de participer à la vie culturelle, droit de participer selon des procédures démocratiques au développement de la coopération culturelle).
  • Démystifier les pratiques artistiques pour accrocher et intéresser les personnes qui se sentent le moins concernées (droit d’accéder aux patrimoines culturels, droit de participer à la vie culturelle, droit à la formation, droit à l’information).
Sortir du consumérisme de la culture pour que les personnes soient actrices de leurs expériences culturelles
  • Sortir d’une vision consumériste des pratiques culturelles (droit de choisir et de voir respecter son identité culturelle, droit de participer à la vie culturelle, droit de participer selon des procédures démocratiques au développement de la coopération culturelle).
  • Valoriser le potentiel culturel et le parcours personnel de chacun (droit de choisir et de voir respecter son identité culturelle, droit de connaître et de voir respecter sa propre culture ainsi que les cultures des autres, droit d’accéder aux patrimoines culturels, droit de participer à la vie culturelle).
  • Favoriser la socialisation à partir des expériences culturelles individuelles vécues au sein des structures culturelles collectives (droit de choisir et de voir respecter son identité culturelle, droit de participer à la vie culturelle, droit de choisir de se référer ou non à une ou plusieurs communautés culturelles).
Veiller à la diversité culturelle et sociale des personnes impliquées dans les processus de création
  • Veiller à la diversité culturelle et sociale des personnes impliquées dans les processus de création (droit de choisir et de voir respecter son identité culturelle, droit de connaître et de voir respecter sa propre culture ainsi que les cultures des autres, droit de participer à la vie culturelle, droit de participer selon des procédures démocratiques au développement de la coopération culturelle).
Rendre possible l’appropriation de tous les patrimoines
  • Valoriser l’attachement aux patrimoines méconnus ou silencieux (droit de choisir et de voir respecter son identité culturelle, droit de participer à la vie culturelle, droit de choisir de se référer ou non à une ou plusieurs communautés culturelles, droit à l’information).

« Nous ne cherchons pas l’hyper-connectivité, mais seulement les connexions les plus adéquates, celles qui permettent aux acteurs de mettre ensemble leurs capacités pour répondre aux droits et libertés des habitants, et favoriser leurs responsabilités. Mais comme le critère d’adéquation ne peut pas être décrété d’en haut, c’est à chaque acteur d’aller les trouver dans la singularité de sa situation. De telles connexions peuvent être dites « appropriées », dans le double sens de l’adjectif :

  • en son sens logique, d’adéquation, ou d’ajustement à la situation
  • en son sens actif : lorsque les acteurs se l’approprient : la reconnaissent, la choisissent et s’efforcent de la réaliser.

Les connexions que nous cherchons sont de nature systémique, elles constituent un système d’interconnexions, permettant de développer des synergies puisant au coeur de la mission de chaque acteur et des spécificités de chaque domaine. Ni un vaste mélange, ni une hyper-connectivité, mais une interconnexion et inter-connectivité raisonnées. Plus profondément encore, le maître mot est sans doute celui de correspondance, avec bien d’autres mots comme celui de résonance. Les six connexions ici identifiées sont six frontières à réinterpréter sans cesse comme toute frontière : des lignes de distinction et non de démarcation, des lieux de passage, des lignes de connexion entre activités, reliant des acteurs (personnes individuelles et personnes travaillant en organisations ou institutions) et leurs domaines » [Meyer-Bisch, 2015, p. 58]

 

 

« Le département du Territoire de Belfort dispose, avec le site du Malsaucy, d’un outil d’exception à mettre au service des politiques départementales. Site culturel en tant que terre d’accueil du festival Les Eurockéennes, site dédié à la nature et au développement durable avec une zone sanctuarisée pour les oiseaux migrateurs et l’implantation en son coeur de la Maison départementale de l’environnement, le site du Malsaucy est également au service de la politique sportive après la reprise en gestion directe d’un équipement nautique. Depuis 2008, la direction de l’éducation, des sports et de la vie associative propose des séjours à l’attention des collégiens entrant en 6e. Leur but ? Faciliter l’entrée au collège, découvrir ses pairs et ses enseignants sous un autre angle en partageant une expérience de vie collective hors les murs de l’établissement scolaire. Le dispositif a évolué dans le temps, passant d’une formule « clé en main » à dominante sportive, à un séjour offrant un volet environnemental et s’adaptant plus aux attentes des professeurs. L’analyse de ce dispositif au travers du prisme des droits culturels a ouvert de nouvelles perspectives. Tout d’abord, cela nous a conduits à oser tout questionner et porter un regard nouveau sur ce projet : ne pas vouloir à tout prix conserver des modules « ayant fait leurs preuves » mais oser le changement, poursuivre toujours plus l’intégration de compétences issues d’autres services pour ne pas être dans la consommation mais bien dans la coconstruction de nouvelles animations… […] en imaginant de nouveaux modules dans lesquels ils pourraient être acteurs, mettre en valeur leurs savoirs ou leur héritage culturel. Aujourd’hui, le dispositif entre dans une nouvelle phase de son développement en s’ouvrant à d’autres classes, en travaillant étroitement avec les équipes pédagogiques en amont des séjours pour les rendre les plus vivants, les plus ouverts possibles. Sport, culture, environnement, intégration européenne, santé et bien-être, les séjours du Malsaucy sont plus que jamais à la croisée des compétences du département et par là même un outil au service du développement des droits culturels des citoyens en devenir que sont les collégiens » [Clamme, 2013, p. 48]

« Le département, aux côtés de l’État, doit être au cœur de la réponse éducative. Il ne s’agit pas seulement pour lui de construire ou de rénover les collèges dont il a la compétence mais, au-delà, d’offrir aux jeunes gens les conditions indispensables à l’acquisition de leur autonomie, finalité du système éducatif. Conscient de l’absence de villes importantes en Ardèche, le Conseil général entend jouer, par conséquent, un rôle moteur dans la construction du parcours éducatif de chaque enfant jusqu’à son âge adulte. Dans le respect d’une démarche partenariale entre les services de l’État concernés et l’ensemble des acteurs éducatifs locaux, il apparaît souhaitable de mettre en oeuvre un parcours qui prenne en compte l’éducation de l’enfant et de l’adolescent dans ses dimensions à la fois scolaires et extrascolaires, en associant les parents comme premiers partenaires d’une éducation partagée. Cette réponse globale au nouveau défi posé par l’éducation des jeunes ardéchois repose aussi pour une large part sur la prise en compte de la notion de droits culturels et donc de la Déclaration de Fribourg. Ainsi nous pourrons poser un diagnostic territorial, définir nos besoins, au regard des ressources disponibles, ou/et mobilisables, et, partant, évaluer la pertinence de nos politiques publiques, dans ce domaine comme dans bien d’autres. En s’appuyant sur ses ressources et en faisant l’évaluation des besoins de son territoire et de ses jeunes habitants, le département de l’Ardèche fait le choix d’inscrire son action politique dans le cadre d’un objectif unique, que poursuit fondamentalement l’Éducation nationale : la réussite de tous »

[Brenan Sardou et L’Herminier, 2013, p. 88]

 

 

« Dans mon travail quotidien et par le projet de territoire que conduit l’APSOAR, je suis amenée à défendre le fait que la culture peut, aux côtés des autres domaines de l’action publique, civile ou privée, entrer en complémentarité pour agir sur la dynamique locale. Mais cette position ne m’est pas toujours facile car une telle vision est encore aujourd’hui peu et mal comprise. Je souhaite pourtant continuer à la défendre et en ce sens, la réflexion menée par l’ensemble des personnes réunies au sein du projet Paideia m’est très précieuse. Elle me conforte dans mes convictions et enrichit ma pratique professionnelle, mais elle me donne aussi des références concrètes sur lesquelles m’appuyer dans mes échanges. La valeur universelle des droits culturels m’est apparue aussi comme une révélation. Je réalise à quel point cela nous relie tous et donne un sens commun à nos actions, combien cela peut aussi nous aider à construire, dans tous les domaines, une société plus juste et plus respectueuse de la personne » [Saunier, 2013, p. 33]

 

 

PROBLÉMATIQUES

Méconnaissance de la diversité des pratiques culturelles d’un territoire – inaccessibilité
  • Méconnaissance des spectateurs des compétences mobilisées dans des processus de création artistique: tension entre la production d’un résultat final visant à sublimer les composantes techniques de la création artistique et la nécessité de faire connaître aux spectateurs quelles sont les capacités technico-artistiques mobilisées dans une production artistique, pour mieux les valoriser.
  • Les lieux culturels sont perçus comme inaccessibles par certaines personnes : tension entre le besoin de développer des productions exigeantes en matière artistique et la nécessité de faire des structures culturelles des lieux ouverts à la contribution de chacun.
  • Difficulté à amener les enfants et adolescents à la découverte de lieux éloignés de leurs habitudes culturelles: tension entre les formes d’expression culturelle informelles et formelles.
  • Absence d’outils communs pour le partage d’expériences culturelles singulières : tension entre la singularité de l’expérience culturelle vécue par une personne et sa mise en relation avec d’autres expériences.
Sortir d’une vision concurrentielle du monde de la culture – repli sectoriel ou entre soi culturel
  • Présence de propositions culturelles voisines sur les territoires pouvant faire « doublons » : tension entre le besoin de multiplier les propositions culturelles sur un territoire et le risque de mise en concurrence d’activités visant des objectifs communs, avec risques de gaspillages.
  • Difficultés pour les acteurs du territoire à se détacher d’une vision concurrentielle : tension entre le besoin de développer des formes d’économie soutenant les processus de création culturelle sur les territoires et le besoin de développer une vision commune sur le développement soutenable d’un territoire.
  • Isolement et repli sectoriel de certaines structures culturelles : tension entre le caractère locale/localisé d’une structure culturelle et des capacités qu’elle mobilise et leur valeur universelle.
Trouver la bonne échelle du circuit court et de sa temporalité
  • La culture est souvent perçue et vécue comme créatrice de frontières. Les cultures sont encore vécues et prises en compte comme des conglomérats homogènes et fermés. L’accès aux différentes formes d’expression culturelle qui en émanent implique le dépassement d’une frontière symbolique et géographique.
  • Trouver la bonne échelle du circuit court / réseau de collaboration : tension entre la volonté de valoriser les ressources en présence sur un territoire et le besoin de s’ouvrir à des compétences / références qui dépassent l’échelle locale, pour éviter le repli.
Prendre en compte la mixité des acteurs et des publics
  • Eviter l’ « entre-soi » qui caractérise certaines pratiques culturelles : tension entre la volonté de se reconnaître dans une communauté culturelle avec laquelle on partage des valeurs et des codes et l’ouverture nécessaire à laquelle chaque communauté doit faire face pour éviter toute forme de repli sur soi.
  • Difficulté à structurer l’activité des bénévoles en prenant en compte leur apport spécifique : tension entre la démarche volontaire des personnes et les besoins concrets auxquels leur contribution répond au sein de la structure.
  • Difficulté à dépasser l’attitude de « consommation » de la culture : tension entre le besoin d’accéder à des oeuvres culturelles et le dépassement d’une posture passive dans l’expérience culturelle en faveur de pratiques qui mettent en jeu les volontés de contribution des habitants.
Structurer le circuit court sans le figer
  • La structuration institutionnelle des acteurs locaux en réseau peut devenir un frein à l’inventivité et au renouvellement des pratiques professionnelles : tension entre le besoin d’organiser le travail en réseau et de capitaliser les leçons tirées dans ce sens et le besoin de renouveler et de varier constamment les façons de travailler ensemble.

« En 2013, j’ai pris part à la démarche interdépartementale Paideia pour construire des « cas d’école » : présentation d’expériences de création réalisées avec des professionnels de santé et des patients, recherche artistique sur les pratiques de voisinage… L’exercice permet l’analyse d’une pratique en repérant : les formes de relation qu’elle génère ; le réseau d’interactions dans lequel elle se constitue ; les transactions qu’elle favorise ou non entre les différents acteurs. À chaque niveau, il s’agit d’identifier les libertés et droits culturels qui s’y trouvent impliqués. Cette approche systémique met en lumière les qualités propres à chaque expérience, la nature des connexions qui la rattache à un environnement économique et social, l’inventivité des acteurs. Elle fait aussi apparaître, en creux, le niveau de pertinence de telle ou telle politique publique au regard de l’effectivité des droits culturels. La méthode s’apparente à celle d’une recherche-action. Elle donne matière à penser chaque situation dans une dialectique rétrospective/prospective. Si le récit d’expérience permet de reconstituer la genèse d’une pratique dans son contexte, le récit est aussi l’occasion de problématiser des effets du changement dont cette pratique est porteuse. Plutôt que de chercher à produire un « guide des bonnes pratiques » (cas le plus fréquents avec les évaluations classiques), ce dispositif d’observation/évaluation, par le prisme des droits culturels, signale des problématiques à travailler. […] La valeur culturelle se constitue, chemin faisant, au cas par cas, par de multiples interactions. Dans cette poésie du réel, où il s’agit d’écrire avec ce qui nous arrive, l’expérience artistique ne suscite pas seulement le partage des émotions (ce qui est déjà beaucoup), elle active des situations, invite au troc de techniques et d’habiletés, autorise des aveux d’ignorance, encourage les désirs d’apprendre, garantit le respect de chacun dans la confrontation des points de vue. Dans ce mouvement, souvent turbulent, préjugés et faux-semblants partent en vrille, et, parfois, l’horizon se dégage pour oser dire et faire ce qui, jusque-là, semblait hors de portée. Ces audaces dynamisent la vie sociale en subvertissant des images, des représentations qui font obstacle à la reconnaissance mutuelle. […] L’autre défi est d’ordre institutionnel. Le questionnement sur l’effectivité des droits culturels au sein d’organisations et d’administrations sectorisées bouscule à la fois des frontières sociales et des frontières mentales. Comme les artistes et les opérateurs culturels, les professionnels de l’éducation, du travail social, de la santé… peuvent, eux aussi, rencontrer des difficultés à sortir des cadres habituels d’exercice de leur métier. C’est le premier pas qui coûte. Passé le seuil de la peur de perdre son identité professionnelle, un espace de liberté peut s’ouvrir, propice à l’innovation institutionnelle et à des relations de coopération. Dans l’échange, les savoir-faire des uns et des autres se fortifient mutuellement. N’est-ce pas le pari des politiques publiques intersectorielles qui osent de nouveaux agencements de compétences ? On l’aura compris, je ne doute pas de l’intérêt d’analyser des expériences et de penser la politique publique au regard d’une éthique des droits culturels, telle que formulée dans la Déclaration de Fribourg. Les acteurs qui contribuent à cette clinique culturelle – des citoyens critiques pourrait-on dire – produisent des savoirs mis en circulation, discutés dans l’espace public. Cette respiration démocratique est précieuse, tant pour les collectivités publiques que pour la société civile. Mais elle peut être menacée par une idéologie utilitariste. Dans « la société utile », comme il la nommait, Georges Bataille voyait déjà le danger : « Chaque homme selon le jugement de la société homogène vaut selon ce qu’il produit, c’est-à-dire qu’il cesse d’être une existence pour soi : il n’est plus qu’une fonction, ordonnée à l’intérieur de limites mesurables, de la production collective (qui constitue une expérience pour autre chose que soi) » […]. L’approche par les droits culturels offre l’opportunité d’une nouvelle alliance entre art, éducation, culture et société. Mais ne pourrait-elle pas donner l’idée à certains politiques de se dédouaner de toute responsabilité en matière de soutien à la création et à la diffusion artistiques ? Pour cela, il leur suffirait de mettre en avant deux arguments. Dire d’abord : « La compétence culturelle de la collectivité sera dorénavant partagée par tous les services. » Ajouter ensuite : « La collectivité ne soutiendra que des projets artistiques et culturels répondant à des critères d’utilité que chaque service établira en fonction de ses missions ». Ce serait alors la porte ouverte au dogmatisme technocratique. Heureusement, nous n’en sommes pas là, grâce à des élus et des techniciens vigilants. Toutefois ne négligeons pas le risque d’une telle dérive. Elle est évitable si l’éthique des droits culturels est respectée. » [Rathier, 2013, p. 76]

 

 

MISE EN ŒUVRE

Coordination, mise en réseau et valorisation des compétences et des ressources
  • Créer des systèmes de parrainage entre spectateurs
  • Travailler à une prise de conscience par les acteurs de la complémentarité et subsidiarité de leurs compétences :

Ex. mettre en place des formations qui mélangent salariés et bénévoles, afin de permettre la reconnaissance de la spécificité de ces deux rôles et des compétences propres à chacun. Déterminer ainsi les formes de subsidiarité à développer entre eux.
Ex. Mettre en place des dispositifs qui permettent de comprendre comment les choses sont fabriquées et quels sont les circuits économiques qui les sous-tendent / soutiennent Permettre la rencontre et la discussion entre spectateurs et artistes. Ex. Faire connaître les spécificités des métiers qui contribuent à une production artistique

  • Garantir l’ouverture des circuits locaux aux expériences d’ailleurs afin de permettre une circulation des savoirs et le renouvellement des savoirs présents sur le territoire
  • Exploiter la multi-appartenance de chaque membre du réseau à différents réseaux qui dépassent l’échelle locale pour garantir l’évolution des compétences locales
  • Mettre en place des formations pour les bénévoles qui se fondent sur l’attachement des personnes à un patrimoine souvent méconnu ou silencieux
  • Collecter, ouvrir et partager les données culturelles du territoire au-delà des réseaux de professionnels
  • Développer des plateformes pour la mutualisation des moyens
  • Mettre en place des comités mixtes (professionnels de la culture, habitants, médiateurs) pour la prise de décision autour de l’offre finale des circuits courts (décisions sur la programmation à offrir, les patrimoines à mobiliser…)
  • Accompagner les structures en réseau dans une démarche d’évaluation au regard des droits culturels des compétences de leurs employés et des bénévoles et favoriser leur identification et circulation au sein du réseau. Accompagner les acteurs dans une co-évaluation des spécificités des productions de chacun
Développer des outils de mise en réseau et de leur capitalisation
  • Effectuer un recensement des outils disponibles pour la mise en réseau dans le cadre d’un circuit court
  • Questionner les formes de propriété des outils de mise en réseau et les possibilités de réutilisation/adaptation par d’autres réseaux et en permettre l’amélioration constante
  • Permettre une connaissance des différentes licences existantes pour les personnes souhaitant libérer leurs oeuvres des droits de propriété intellectuelle pour en faciliter la circulation
  • Mettre en réseau les outils existants en matière de valorisation et capitalisation culturelle
  • Développer des outils de communication interne et externe communs aux acteurs qui se structurent en réseau
  • Développer des formations des acteurs du réseau afin de travailler une culture et un langage communs
  • Former les acteurs au travail en réseau dans le cadre de formations qui sollicitent les compétences acquises en la matière par les participants
  • Veiller à mettre en place les instances qui permettent la rencontre des acteurs du réseau – circuit court
  • Travailler des outils de gouvernance partagée et de prise de décision au sein des réseaux
  • Elaborer des modèles économiques qui permettent la gestion partagée d’un budget commun (ex. systèmes de péréquations) pour le développement de projets partagés visant à l’innovation des pratiques
  • Mettre en place des modalités d’évaluation partagée qui permettent aux membres du réseau un travail autour des valeurs partagées et des valeurs propres à chaque membre du réseau / de la chaine de production du circuit court
  • Travailler la gestion des biens mis en réseau avec une optique de « bien commun », en mobilisant les compétences d’une communauté patrimoniale qui prenne soin de ces biens
Pouvoir prendre en compte et travailler l’inattendu
  • Présenter les oeuvres artistiques en dehors des circuits habituels
  • Diversifier les lieux de distribution des productions culturelles locales
  • Créer des espaces et des temps de partage entre scolaires, leurs familles et l’équipe pédagogique
  • Valoriser l’universalité du patrimoine local
  • Diversifier les sources de financement d’un réseau en partant des spécificités de ses membres
  • Mettre en place des formations de bénévoles exerçant auprès de différentes structures, non seulement culturelles
  • Favoriser des temps d’apprentissages informels pour favoriser les apprentissages formels ;
  • Mettre en place des formations aux droits culturels pour permettre de dépasser la vision consommatrice de la culture, sensibiliser au caractère culturel des pratiques quotidiennes et permettre à chacun de se considérer comme contributeur à la construction d’une culture commune
  • Permettre aux acheteurs de définir ensemble quels sont les lieux les plus adaptés pour la distribution des productions du circuit court
Partager et valoriser les parcours culturels de chacun (formels et informels)
  • Dans les démarches culturelles à l’école, permettre aux élèves d’avoir une posture réflexive sur les leviers de leur progression dans l’acquisition de nouvelles compétences. Valoriser ainsi les progrès de chacun dans ce cheminement culturel
  • Mettre en place des outils de capitalisation des expériences culturelles (ex. Passeport numérique) qui ne valorisent pas exclusivement le parcours culturel effectué par chacun en termes de « accès à » des pratiques ou oeuvres artistiques, mais qui valorisent chaque personne dans sa capacité à être contributeur actif dans la construction d’une culture personnelle et commune
  • Accompagner les pratiques réflexives pour chacun autour de son cheminement culturel ;
  • Valoriser les pratiques culturelles informelles à côté des pratiques culturelles plus formelles se déroulant au sein d’institutions culturelles proprement dites
  • Impliquer les personnes dans la création et la formalisation des traces de leurs expériences culturelles en utilisant des outils de socialisation des pratiques culturelles qui leur sont familiers (ex. réseaux sociaux et ITC pour les jeunes)
  • Sensibiliser les plus jeunes aux enjeux liés au stockage des donnés concernant leurs pratiques culturelles : à qui appartiennent les données personnelles produites en fonction des lieux de stockage ?
  • Utiliser les possibilités hypertextuelles des outils numériques pour sensibiliser les plus jeunes au caractère rhizomique des ressources culturelles

« Il ne s’agit pas de proposer une nouvelle liste d’indicateurs à cocher pour parvenir à chiffrer la performance d’une activité. […] L’objectif est de valoriser toutes les synergies, en particulier celles auxquelles on ne penserait pas spontanément. Ces six sortes de connexion se composent entre elles pour définir les interconnexions qui font la richesse d’une activité ou d’un dispositif. Les indicateurs que nous cherchons sont ceux qui permettent d’évaluer une dynamique de libertés et de responsabilités : des capacités qui, par nature, apparaissent à la fois en tant qu’acquis et potentiels. De surcroît, ces capacités sont entrecroisées. Mesurer un droit de l’homme quel qu’il soit, a fortiori s’il s’agit de l’interdépendance entre plusieurs, c’est réaliser le droit de chacun à une information adéquate : le droit de participer à l’information nécessaire pour exercer ses libertés et ses responsabilités, l’information qui engage, qui change les postures, et informe finalement toute la texture sociale.

Les connexions que nous cherchons sont de nature systémique, elles constituent un système d’interconnexions, permettant de développer des synergies puisant au coeur de la mission de chaque acteur et des spécificités de chaque domaine. Ce n’est donc pas un vaste mélange, ni une hyperconnectivité, mais une interconnexion et interconnectivité raisonnées. Plus profondément encore, le maître mot est sans doute celui de correspondance, avec bien d’autres mots comme celui de résonance. […] Six connexions sont ici identifiées. Il est possible de les regrouper ainsi : – logiquement, il convient d’assurer les connexions entre disciplines culturelles (1), puis entre acteurs (2) pour assurer la création des oeuvres multidimensionnelles ; – toute relation étant une habitation d’un espace/temps, il est nécessaire d’installer, déployer les connexions selon les lieux (3) et les temps (4) ; – enfin, il convient d’en faire la réalisation/démonstration sociale par le déploiement de l’activité, son installation politique dans l’espace économique (5) et public (6) » [Meyer-Bisch, 2013, p. 42]

« La structure que je dirige, aujourd’hui Centre National des Arts de la Rue, se reconnaît pleinement dans la conviction partagée que la culture est un facteur majeur de développement local et que celle-ci doit occuper une place de choix dans tout projet de société. […] Les droits culturels sont au coeur du projet artistique et culturel que je développe depuis 25 ans sur les territoires de vie avec lesquels je travaille. Plus précisément, c’est la personne, dans sa globalité et sa dignité, qui est au centre de mes préoccupations. Quelques p’Arts…, le projet que je porte, est avant tout humaniste. Il part d’une grande confiance en l’être humain et ses capacités, il considère que l’art et la culture, conjugués à tous les autres événements d’une vie, agissent sur lui comme des stimuli et contribuent à son émancipation. Mon ambition est de démontrer que l’action artistique et culturelle impulse des dynamiques individuelles et collectives, encourage la participation active et agit positivement sur le développement. Car chaque personne, en interaction avec son environnement et parce qu’elle se situe dans un espace-territoire et dans un espace-temps, est elle-même facteur de changement. Loin d’instrumentaliser les actions artistiques, il s’agit de les considérer et de les valoriser pour ce qu’elles sont : des espaces fédérateurs, générateurs de lien social, de mobilisation et d’estime individuelle et collective. Cette dimension sociale de l’action culturelle nourrit plus largement un projet de société, sensible aux droits humains et soucieux de garantir la démocratie. […] Au regard de mon expérience, cet aspect transversal m’apparaît comme déterminant pour produire du sens et de l’efficacité dans nos actions. J’irais même plus loin en disant qu’il faut développer une vision systémique, porter un regard global et transversal afin de percevoir les interdépendances et les interactions de l’humain avec son environnement. Penser en décloisonnant pour agir sur l’ensemble, se mettre en dialogue de manière simultanée avec les autres acteurs institutionnels et sur le terrain, afin de créer des interactions qui entraînent des effets valorisants. Cela conduit à chercher des complémentarités, des partenariats, des vis-à-vis qui questionnent en quoi les différentes activités de chacun peuvent avoir des effets sur celles des autres et qui permettent aussi l’optimisation des ressources. […] C’est une forme de progression dans laquelle j’ai inscrit le projet Quelques p’Arts… : chaque décision est imprégnée de l’analyse, des retours d’expériences et du questionnement qui en découle. Cela implique, dans mon cas, d’être en dialogue avec tous les partenaires potentiels, les gens, les artistes, les associations, les établissements scolaires, les acteurs économiques, sociaux… et bien sûr, les élus, les agents des collectivités territoriales, de l’État… C’est de la communication sociale qui permet à chacun de comprendre et de s’approprier le projet par le discernement des enjeux. Et encore une fois, cela revient à une vision humaniste, c’est faire confiance à la personne, lui porter attention et la valoriser dans sa dignité. C’est entraîner une reconnaissance mutuelle qui exige, en tant que porteur de projet, de travailler avec autant d’exigence que d’humilité, de savoir tâtonner, chercher, s’appuyer sur les savoirs et les non-savoirs, les siens et ceux des autres, pour créer de l’intelligence intuitive. C’est encourager l’existence d’un écosystème fertile et enrichir la mémoire d’un patrimoine culturel vivant. Ainsi, la démarche interdépartementale Paideia véhicule à tout point de vue une vision humaniste du développement. Elle met en évidence la valeur universelle des droits culturels et montre à quel point ils peuvent donner un sens commun à nos actions, qu’elles relèvent du domaine public, civil ou privé. Ils nous relient en tant qu’humains et nous incitent à travailler pour et dans le plus grand respect de la personne. Ils nous aident à voir qu’on peut aussi conjuguer nos forces et porter un regard plus global sur notre environnement, à comprendre que tout est lié, et que donc, tout mérite notre attention afin de permettre un développement humain et culturel durable » [Picon, 2013, p. 72]

« Les forces du Collectif des Réseaux d’Insertion par la Culture (CRIC) : la transversalité, la mutualisation, la formation, la communication, la diversité, les interconnexions au quotidien… Rappelons que depuis 2013, nous, médiateurs culturels de territoire, sommes présents sur tout le département. L’importance de ce territoire nous amène à travailler avec nos ressemblances mais surtout notre diversité : diversité parce que nous sommes quinze ! Quinze personnes d’univers, de parcours différents, à la croisée du culturel et du social, formés à l’éducation permanente, à la sphère artistique, universitaires ou de terrain… Notre collectif peut s’appuyer sur une diversité des compétences, des savoirs, des sensibilités de chacun, et des structures qui nous portent (centres sociaux ou de formation, entreprises d’insertion, collectivités territoriales…). Chacun d’entre nous possède des forces, des spécificités liées à son histoire avec des points de vue, des goûts, des sensibilités artistiques… Notre diversité est également liées aux territoires, urbains, semi-urbains, ruraux, littoraux… avec une proportion de personnes vieillissantes ici ou très jeunes ailleurs, de familles ici ou de personnes isolées ailleurs, marquées par une culture ouvrière forte ici (mines, textile), tertiaire là, agricole ailleurs… avec des disparités sociales fortes. Riches de cette diversité, nous avançons sur des valeurs communes (écrites collectivement dans une charte en évolution), proches de l’éducation populaire, de l’économie solidaire, de l’éducation permanente et bien sûr des droits culturels. Nos temps de rencontres réguliers permettent d’échanger et de transmettre nos pratiques, nos expériences, nos ressources, complémentaires ou antinomiques, de partager les « bons plans », les contacts et réseaux artistiques ou sociaux, d’analyser les perspectives, les courants de pensée en matière culturelle, politique, sociale, utiles à nos missions… Forts de ce constat, nous avons créé des outils communs pour communiquer, sensibiliser nos partenaires, dynamiser les territoires. Notre collectif favorise un sentiment d’appartenance, une reconnaissance, qui donnent de la force dans les moments de doute, de solitude sur les territoires face à des acteurs dont certains restent encore parfois à convaincre pour envisager l’importance de la culture… entendue parfois comme un temps purement occupationnel, ou à l’inverse, réservée à une élite » [Collectif CRIC, 2015, p. 38]

« Aujourd’hui le numérique sous toutes ses formes fait partie intégrante de notre société, de notre vie. Alors que ces outils étaient encore, il y a une vingtaine d’années, relativement peu connus, ils font désormais partie de notre quotidien. Le numérique et son usage permettent l’expression de droits humains comme la liberté d’expression ou la libre accessibilité aux données. Il peut être aussi un formidable outil de médiation au service des publics les plus fragiles. Depuis plusieurs années, le Département de la Gironde s’implique dans une politique volontariste dédiée à la promotion et à l’appropriation des usages numériques. À partir de 2005, il conçoit et met en oeuvre le programme SAPIENS (Susciter l’Accès et le Partage de l’Information Et des Nouveaux Savoirs). Il vise à permettre à tous les publics de se familiariser à l’évolution des usages numériques en s’appuyant sur un réseau de « médiateurs numériques » des médiathèques et des Espaces Publics Numériques (EPN). L’un des enjeux de cette initiative consiste à fédérer des acteurs intervenant dans des domaines différents autour de la notion de médiation numérique. Il s’agit d’expérimenter le concept de « coopératives numériques » à partir d’initiatives locales. Au final, ce sont des communautés de pratiques qui sont amenées à partager, non seulement des projets mais avant tout des éléments de culture et des savoir-faire communs. La notion de communauté est également valorisée à l’échelle départementale, l’ensemble des porteurs d’initiatives et partenaires engagés étant amenés à coopérer et à échanger sur leurs pratiques. Cette démarche expérimentale vise à permettre la diffusion cohérente et équilibrée de compétences numériques par une collaboration renforcée, sur un même territoire, entre les Espaces Publics Numériques et différentes structures sociales. Il s’agit de permettre aux travailleurs sociaux et à leurs publics, de participer plus activement aux initiatives numériques et culturelles sur leur territoire. On constate en effet que les acteurs du champ social (personnels et bénévoles) se trouvent souvent démunis face aux problématiques numériques, et qu’ils expriment un besoin croissant de développer des compétences numériques pour répondre aux attentes des publics, favoriser leur autonomie et concevoir de nouveaux projets. L’acquisition et le développement de compétences numériques constituent ainsi l’un des facteurs de la capacitation des habitants d’un territoire ; à travers l’autonomie à pratiquer les outils et services numériques, chacun peut en effet s’affirmer comme un acteur culturel local à part entière, par exemple en valorisant ses caractéristiques patrimoniales originales (langue, histoire, géographie, etc.), tout en les partageant avec d’autres. La médiation numérique, autrement dit l’accompagnement des usagers vers une autonomie dans les pratiques numériques, est à ce titre un dispositif qui vise à faciliter l’accès aux contenus et aux ressources d’information et de formation qui sont aujourd’hui de plus en plus numérisés » [Baudoin et Berno-Cordes, 2016, p. 48]

« Tiss’Ta Toile est un projet intergénérationnel d’éducation à l’image et aux médias en Haute-Gironde qui se structure autour de 3 axes : une démarche de territoire, un itinéraire culturel et un festival. La Haute Gironde est un territoire en grande difficulté. Cela se traduit par une jeunesse précarisée à tous niveaux : emploi, formation, revenus, mixité, mobilité, scolarité, accès à la culture… La stratégie d’accompagnement du territoire a été de favoriser la mise en réseau des différents acteurs. Cela s’est fait par la mise en place d’un parcours d’éducation à l’image et à la citoyenneté permettant un point d’appui essentiel à une action de lutte contre l’exclusion par l’accès à la culture et aux ressources locales. Elle vise également à rapprocher les structures péri-éducatives et les établissements scolaires autour des problématiques communes partagées par tous les adolescents.[…] La démarche interdépartementale sur les droits culturels a été un facteur d’impulsion pour présenter le projet, l’expliciter, le mettre en valeur et le faire comprendre. Elle nous a aidés à mesurer plus finement son impact et à le conforter. Les développements futurs du projet et son ancrage sont renforcés. Nous avons également identifié et valorisé les responsabilités individuelles. De manière générale, cela a généré une prise de conscience dépassant notre implication et nos positionnements professionnels » [Fuseau, 2013, p.54]

« Le référentiel des droits culturels nous permet de formaliser les interconnexions qui émergent du fonctionnement de ce collectif. Elles sont sources de richesses et placent chaque partie prenante de nos missions en situation de responsabilité mais aussi de dignité.

Le collectif vit les interconnexions au quotidien :
– dans nos actions peuvent se croiser les publics de différents territoires, les relais sociaux, les acteurs culturels, lors de temps d’apprentissage, de transmission, d’échanges, de sorties partagées…
– nos financements sont diversifiés mais aussi mis en commun quelquefois pour enrichir un projet sur un ou plusieurs territoires.
– nous favorisons des propositions artistiques dans des lieux non dédiés « à priori » à la culture. Nos réunions bimensuelles se déroulent à chaque fois dans un territoire différent.
– l’inter-discipline est inhérente à la diversité des domaines artistiques proposés, dans les sorties ou projets, ce qui permet à chacun de trouver sa place, en écho à la diversité des identités individuelles.
– quant à la notion de temps, nous jonglons entre les temporalités liées aux institutions, celles de nos partenaires, celles des personnes qui participent à nos actions, avec qui nous travaillons dans la durée…

La dynamique du collectif, ce sont des capacités décuplées, déployées. L’intelligence collective et les réflexions menées sur des champs divers comme l’évaluation, la médiation, la mobilisation, les positionnements par rapport aux droits culturels… nourrissent le CRIC et ses pratiques et lui donnent un élan certain. Nos rencontres sont denses car « incarnées » par des personnes, des « personnalités » même ! Et cela donne la dimension « vivante » à notre collectif ! La plus-value des droits culturels pour le CRIC? Certainement réfléchir à notre logique de travail, nous donner un sens commun de plus… mais aussi nous réinterroger sur les espaces où les interconnexions sont fortes, et là où l’on pourrait encore les développer, les mutualiser » [Collectif CRIC, 2015, p. 38]

« Il importe de rappeler que la Condition Publique est une manufacture culturelle implantée dans une friche industrielle textile dans un quartier populaire de Roubaix, ville durement frappée par la désindustrialisation à partir des années soixante-dix. Après avoir fait inscrire cette architecture exceptionnelle à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques, il s’est agi d’imaginer une nouvelle destination pour ce lieu. La réflexion s’est construite dans la mouvance de ce que l’on a appelé les « nouveaux territoires de l’art » qui s’attachent à faire de la culture « autrement », à essayer « autre chose » à côté et complémentairement au travail porté par les musées, les scènes nationales, etc. Autre qu’une érudition descendante, qu’une démocratisation de la culture au profit d’une démocratie de la culture, pour une définition « Unesco » de la culture que je résumerais par « […] outre les arts et les lettres […] ». Ces valeurs se sont affirmées dès avant la fondation de la manufacture Condition Publique en 2004, avec le choix de l’architecte Patrick Bouchain pour la réhabilitation des bâtiments. Il a contribué avec les porteurs de projet à mettre en place une dynamique de relation entre les habitants, les artistes, les ouvriers, les politiques, autour de « La Baraque », espace d’échanges, d’utopies et de convivialité – qui est la marque de fabrique de Patrick Bouchain. Dix ans après, nous nous inscrivons toujours dans la philosophie initiale : en nous adressant notamment aux publics que l’on voit peu dans les circuits culturels traditionnels, en construisant des relations de proximité avec eux, en favorisant la démocratie participative, en élaborant une offre pluridisciplinaire et transdisciplinaire, en explorant de nouvelles façons de faire (comme la construction d’une champignonnière, ferme agri-culturelle), en multipliant les modes opératoires, en considérant l’espace public comme un espace culturel à partager, en bousculant la représentation du statut de l’artiste, en faisant travailler concomitamment création artistique, activités sociales et éducatives. Cela dit, il nous est apparu nécessaire, à l’occasion du dixième anniversaire de la manufacture, de réinterroger notre projet au regard des « nouveaux territoires de l’art » aujourd’hui, et de référentiels comme l’Agenda 21 de la culture ou la Déclaration de Fribourg sur les droits culturels. Nécessaire pour nous, l’équipe de la Condition Publique, qui travaille au quotidien à imaginer, produire, diffuser des oeuvres et des processus artistiques partagés, à construire des relations entre des artistes, des habitants, un territoire. Nécessaires pour nos tutelles et nos divers partenaires pour expliciter le sens et le cœur de notre travail et s’accorder sur des grilles d’évaluation communes pour spécifier notre action et en débattre. Lire, analyser, relire la Déclaration de Fribourg, étudier les articles un par un. Construire des cas d’école à partir de nos projets, nourrir les cartes d’interaction des parties prenantes, utiliser les indicateurs de connexions. S’astreindre à changer de point de vue, de perspective, permet de lire autrement notre projet, de porter un regard critique, d’ouvrir de nouveaux horizons d’exigence, de partager avec nos élus et nos partenaires les enjeux profonds de la présence de cet équipement sur ce territoire-ci, précisément. Ce référentiel nous a effectivement aidé à spécifier notre travail, à le resituer dans une perspective globale » [Vignaud, 2015, p. 40]

« Les droits humains, notamment les droits culturels, repositionnent clairement le développement culturel, non pas seulement lié à une politique d’affichage ou d’image d’une institution publique, mais comme moyen d’impliquer durablement les acteurs dans les actions qu’ils ont choisi de développer et mener. Hiérarchisant qualitativement nos missions, les droits culturels valorisent la nécessité d’une disponibilité accrue en matière d’accompagnement, afin d’être au plus proche des besoins des musées qui n’ont pas l’appellation « musée de France », tout en évitant d’entrer dans une logique de dissolution des responsabilités, comme le remplissage excessif de documents de contrôle, expérimenté notamment dans les projets transfrontaliers INTERREG IV. Les droits culturels mettent en valeur la nécessaire capacité d’évolution d’une collectivité territoriale de taille importante vis-à-vis d’une société en mutation. Ils confortent aussi notre rôle de « courroie de transmission » d’informations professionnelles vis-à-vis des têtes de réseau de musées ou d’autres réseaux supra régionaux, nationaux ou internationaux. Valorisant le rôle primordial de la formation continue, ils confirment le bénéfice potentiel d’un mélange des publics (professionnels, salariés, bénévoles, musées communaux ou associatifs) tel qu’il a été imaginé dans les formations professionnelles organisées dans le cadre du Protocole d’accord avec la délégation Nord Pas-de-Calais du Centre National de la Fonction Publique Territoriale. Enfin, les droits culturels mettent en valeur la nécessaire capacité d’évolution d’une collectivité territoriale de taille importante vis-à-vis d’une société en mutation, pas seulement d’un point de vue technologique, mais aussi d’innovation participative : de ce point de vue, la capacité de pouvoir soutenir de nouveaux acteurs ou des têtes de réseau temporaires, malgré un contexte budgétaire de plus en plus contraint, me paraît nécessaire pour renouveler durablement les dynamiques professionnelles et territoriales. Selon moi, malgré parfois sa dimension chronophage, la valeur ajoutée de Paideia est l’élaboration progressive d’un langage et d’une culture communs qui permettent le partage de ses propres expériences tout en étant à l’écoute d’autres, ainsi que la possibilité de s’impliquer, non pas seulement individuellement dans des réseaux professionnels internes et externes, mais collectivement. En effet si la méthodologie de Paideia peut-être transposée à bon escient dans une pratique professionnelle, notamment d’animation de réseaux de musées, elle permet de capitaliser des informations hors de son propre champ professionnel et hiérarchique sans être obligé de développer et d’entretenir des relations interpersonnelles régulières et continues, ce qui serait à terme difficilement compatible avec un emploi du temps professionnel classique. Grâce à son potentiel de décloisonnement institutionnel, cette démarche d’observation s’ouvre aussi facilement aux partenaires extérieurs, notamment associatifs, acteurs essentiels des politiques culturelles. Pour mieux réaliser les droits culturels dans mes activités, il serait probablement nécessaire de mieux maîtriser les temps de valorisation des réalisations des musées accompagnés, notamment auprès des élus, afin d’éviter de toujours devoir « faire du neuf », de manière visible et rapide, surtout dans un contexte de contraintes budgétaires et d’élections départementales : si les circuits de validation peuvent être longs, les circuits de communication interne et externe du Département ne me paraissent pas suffisamment efficients, malgré parfois des projets importants comme la valorisation inédite en ligne de collections des deux Guerres mondiales (www.memoire14-45.eu), qui pourrait être encore développée par un volet web participatif. De même, je pense qu’il est important de continuer à diffuser l’expérience acquise dans des réseaux régionaux, nationaux et internationaux, notamment par des publications intégrant plus spécifiquement la grille de lecture des droits culturels, qui peut aider à mieux formaliser ce type d’accompagnement au développement durable d’activités muséales et culturelles. Par exemple, des liens pourraient être davantage développés avec les autres conservations/coordinations départementales, et non pas seulement celles impliquées dans la démarche Paideia. À l’échelle de mes missions propres, de nouveaux lieux d’échanges formels ou informels avec les musées concernés par la politique départementale pourraient être développés en partenariat avec la DRAC, l’Association des Conservateurs des Musées du Nord Pas-de-Calais, les intercommunalités, etc. La réalisation et test de la grille d’auto diagnostic des réseaux de musée, illustrés dans un cas d’école, pourraient être des outils d’aide à une pérennisation durable, nourris par des échanges encore plus précis avec les têtes de réseau, comme PROSCITEC, qui cherche à formaliser son mode de fonctionnement participatif, grâce aussi aux droits culturels » [Fleury, 2016, p. 52]

CAS D’ÉCOLE

Sur les chemins de l'éducation permanente – N12

Observateur(s) : Carine Guilbert (contact)

Institution : Conseil Départemental du Nord

Résumé :

Lors des cursus des différentes formations (remise à niveau, remédiation à l’illétrisme, préparation aux examens) le Centre Université Economie d’education Permanente (Cueep) propose, de participer à des actions culturelles avec des artistes qualifiés, notamment des ateliers d’expression, de création et de découvertes culturelles afin de développer et de valoriser savoirs-faire et savoirs-être liés à la socialisation. Ce processus se fait par l’intermédiaire de son équipe d’accueil et plus particulièrement la médiatrice culturelle.

 Ce cas d’école analyse au regard des droits culturels comment ce type d’action culturelle lors du temps de formation favorise la mise en réseau de savoirs entre acteurs impliqués et comment les temps d’apprentissage informels favorisent les apprentissages formels.

Capitalisation d'outils de politique départementale à destination des musées – N31

Observateur(s) : Célia Fleury (contact)

Institution : Conseil départemental du Nord

Résumé : Recensement des ressources et outils pour développer l’expertise technique du service la qualification des musées en fonction de leurs propres projets. Ce travail entamé depuis 2007 facilite la mise en réseau entre institutions culturelles et participe à l’analyse de leur écosystème.

Ce cas d’école analyse au regard des droits culturels comment le développement des réseaux peut contribuer à la prise en compte des spécificités de chaque institution culturelle et peut favoriser ainsi les systèmes de connexions entre elles.

Création d'un outil d'analyse du fonctionnement d'un réseau de musée – N32

Observateur(s) : Célia Fleury (contact)

Institution : Conseil départemental du Nord

Résumé : Analyse du fonctionnement à géométrie variable de plusieurs réseaux de musée afin de comprendre leurs niveaux d’institutionnalisation/normalisation et de souplesse/efficience. L’outil d’autodiagnostic permettrait de montrer la valeur ajoutée potentielle des réseaux en termes de travail collectif, de capacité à capitaliser et à évoluer.

Ce cas d’école observe au regard des droits culturels comment la création d’un outil d’analyse du fonctionnement de réseau aide les têtes de réseau pérennes ou temporaires à positionner leurs projets, actions et missions au sein d’un écosystème de relations.

Kilti, le panier culturel inspiré des AMAP – N59

Observateur(s) : Aurore Remache, Sandrine Lelièvre, Carla Foris (contact)

Institution : Conseil départemental du Nord, Compagnie du 8 renversé

Résumé : Kilti est une association créée en 2014 qui propose des paniers culturels sur Lille, Paris, Bruxelles et le littoral (Dunkerque, Calais, Saint-Omer). Un nouveau panier est proposé tous les deux mois et aborde un thème particulier. Suivant la formule choisir, les paniers sont diversement composés (sac sérigraphié et/ou œuvre audiovisuelle et/ou littéraire et/ou deux sorties culturelles pour deux personnes et/ou une surprise). Les paniers sont distribués dans plusieurs points relais pour favoriser le circuit-court et la rencontre.

Ce cas d’école analyse au regard des droits culturels l’organisation d’un système de distribution de paniers culturels sur un territoire et l’écosystème culturel ainsi développé.

Passeport culturel numérisé du collégien – N60

Observateur(s) :

Institution :

Résumé : Le Passeport numérisé est un passeport individuel qui a pour vocation et ambition de contribuer à laisser au collégien une trace de son parcours culturel : rencontres avec les œuvres, les objets, les territoires, les personnes, les animaux, les végétaux, les idées, les connaissances. Cet outil nécessite le développement d’un système de réseau entre diverses institutions culturelles et autres lieux à découvrir.

Ce cas d’école analyse au regard des droits culturels comment l’outil « passeport numérisé » favorise le fait que les collégiens soient plus acteurs de leur parcours culturel et qu’ils puissent conserver des traces de celui-ci pour mettre en partage avec d’autres leurs expériences.

DÉPLOIEMENT DE L’ANALYSE D’UN CAS

Récit de la pratique N60

«  Le projet du collège Boris Vian (473 élèves en 2014/2015) est intitulé « La réussite de tous : le collège Boris Vian, lieu privilégié de rencontres culturelles ». Il s’inscrit dans l’orientation n°5 intitulée « L’autonomie du jeune, la culture ». Le collège se conforme au projet présenté en Conseil départemental et, à ce titre, fixe pour objectif la mise en place au bénéfice des élèves d’un passeport culturel individuel du collégien numérisé :

– pour conserver une trace numérique des passages de ses frontières culturelles. Le collège s’assure que les rencontres des élèves avec les œuvres, les objets, les territoires, les personnes, les animaux, les végétaux, les idées, les connaissances etc., font l’objet de traces numériques ou numérisées qui, stockées puis informées, prennent la forme d’un passeport remis à l’élève à la fin de son cursus dans l’établissement. Ces visas peuvent être les résultats de passages de frontières collectifs ou des rencontres culturelles individuelles et/ou familiales.

– pour participer du développement de l’autonomie de l’élève. Le passeport numérisé tend à initier de nouvelles pratiques qui suscitent à leur tour une autonomie plus large de l’élève et des organisations qu’il peut créer et auxquelles il peut participer. L’élève est alors reconnu par ses pairs comme régulateur et co-acteur.

La phase actuelle d’élaboration de l’outil permet aux acteurs dans le collège de « défricher un terrain » d’exercices inconnu d’eux. Pour un élève-type il s’agira (seul ou en groupe) :

1/ de participer à une activité culturelle proposée par l’établissement ou vécue hors du collège;
2/ de conserver une trace de cette expérience;
3/ de présenter ce témoignage numérisé en instance de modération
4/ d’enregistrer après avis de la commission la trace ainsi conservée dans son passeport culturel, et ce dans la forme retenue par l’établissement
5/ le collège se charge d’imprimer la passeport à l’issue de la scolarité obligatoire de l’élève-type ou s’il est amené à quitter l’établissement plus rapidement;
6/ le passeport est remis lors d’un moment solennel

L’établissement devra résoudre quelques difficultés qui surgissent et grèvent le calendrier prévu : capacités de stockage par élève, transferts des données, traces collectives et individuelles, droits, prestations de l’hébergeur, architecture du document, mutualisation, pérennité, nombre de sorties/nombre de traces, planification et maîtrise de la montée en charge, intéressement aux contenus, etc.

Qu’en est-il de la place qu’on laisse à l’élève et qu’il peut/veut prendre au regard des droits culturels ? Les droits culturels peuvent-ils être un levier pour contribuer à rendre le jeune acteur de son parcours culturel et les professeurs ou l’équipe pédagogique des tuteurs dans le bon sens du terme ?

Article 3a
  • L’élève construit son support en amenant ses choix de photos, ses découvertes, ses expériences ; l’établissement offre une garantie de formation ouverte le plus largement possible en termes de droits culturels. L’élève bénéficie des conditions mises en place par l’établissement pour élaborer son parcours dont témoigne le support en apportant des traces individuelles.
[Art. 3a – L’analyse rend compte des conditions à mettre en œuvre pour que les élèves puissent au long de leur parcours scolaire exprimer des choix qui leur son propre et participe activement à leur apprentissage – Art. 6]
Article 3b
  • Les collégiens sont de plusieurs cultures, viennent de plusieurs horizons. Un groupe pourrait être constitué pour réfléchir à ce que la culture veut dire et comment cela peut impacter les contenus du passeport : quelle culture ? pouvoir mettre ce que l’on veut (sens, valeurs, identité) ? Limité par des règles ? Qui définit les règles ? Quel système de partage ? En quoi ce que j’y ai mis est important pour moi et pour les autres ? Place du modérateur ? Comment choisir / sélectionner ? Quelle place et reconnaissance ? etc.
[Art 3b – L’analyse pose l’importance d’un travail avec les élèves sur la notion de « culture ». Il est question que les élèves puissent par le biais de cet outil approfondir la connaissance de leurs propres références culturelles mais également d’aller à la découverte d’autres. L’outil numérique questionne sur le partage de données et la façon dont les savoirs peuvent se croiser au sein d’un établissement scolaire. De même, la définition du cadre de l’usage d’un tel outil est nécessaire – art. 5 et 8]
Article 3c
  • Le projet veut faire un lien avec l’existant sur le territoire. Lille recèle de nombreux atouts et cette proximité offre la possibilité de nourrir le patrimoine culturel de nos élèves. A cet égard les structures partenaires sont implantées pour certaines d’entre-elles à proximité de l’établissement. Cette richesse offre des possibilités : enregistrer des ambiances sonores, réaliser des clichés via les smartphones suivant une charte d’utilisation des données, recourir à la webradio. La trace est élaborée par les élèves car il s’agit de leur apport qui a vocation à être partagé et valorisé. Le passeport appartient en propre à l’élève; il devient ainsi son patrimoine.
[Art 3c – L’analyse pose la question de l’accès aux patrimoines reconnus et leurs modalités de transmission via de nouvelles formes. Un travail plus spécifique avec les élèves sur la notion de « patrimoine culturel » peut contribuer à faire place aux références culturelles auxquelles sont attachées]
Article 4
  • Fives et ses communautés : ouvrières, historiques, d’intérêt, associatives, intentionnelles, cultuelles, religieuses, culturelles, d’origine, de quartier, de territoires, sociales, ethniques, corporatistes, familiales, linguistiques… La contribution culturelle de chacun peut garantir la reconnaissance des droits culturels. Les données stockées sont accessibles par n’importe quel élève moyennant un accès sécurisé ; il ou elle accède ainsi à un stock de fichiers dans lequel il ou elle peut puiser pour illustrer tel ou tel travail. « Entrer dans le projet » vs « Ne pas entrer dans le projet ». L’appartenance au collège et au groupe de pairs s’en trouve ainsi renforcée.
[Art. 4 – L’analyse rend compte d’une volonté de faire des communautés culturelles présentes sur le territoire des ressources pour le parcours des élèves. Avoir un passeport numérique de son parcours culturel ne signifierait pas « appartenir » d’emblée à une communauté avec laquelle tout doit obligatoirement être partagé – le libre choix de mettre en partage avec la/les communauté(s) de son choix est considéré comme important dans l’usage de cet outil – cette analyse interroge également le développement des coopérations avec les communautés – Art. 8]
Article 5
  • Le passeport est conçu ou voulu pour que les collégiens participent à une vie culturelle proposée et qu’ils conservent une trace des passages de « frontières » : frontières de la connaissance, frontières physiques, celles que nous avons en tête, qui empêchent parfois d’oser, ou tout simplement de s’autoriser à penser que c’est possible. Chaque franchissement donnera lieu à l’obtention de visas. Ces « embarquements » successifs programmés aboutissent à la délivrance d’un passeport, un « livre de bord » dématérialisé car numérisé, puis physique sur lequel figureront les visas qui valident les rencontres successives.
[Art. 5 – L’analyse montre le souci des initiateurs de traduire le droit de participer à la vie culturelle en termes d’ « accès à » (physique, cognitif, symbolique). Ce droit concerne également la place des élèves dans la définition du cadre de cette action outillée]
Article 6
  • Formation à l’utilisation d’une webradio, formation à la bureautique, au diaporama, au droit (Creative common ou droits d’utilisation non-commerciale de l’œuvre), aux techniques (logiciels libres…) ; La procédure matérialise le fait que l’élève apprend quelque chose à quelqu’un.
[Art.6 – L’analyse montre le souci des initiateurs de diversifier les situations d’apprentissage et les manières d’apprendre. L’apprentissage concernerait aussi les systèmes de partage de savoirs. Quelle place peut avoir ce projet dans l’école ? Est-ce que cette expérience pourrait nourrir les pédagogies développées au sein des collèges ?]
Conclusion

RESSOURCES

  • « Du droit à la culture aux droits culturels. Une première année d’observation et d’évaluation des politiques publiques départementales au regard des droits culturels », Publication Paideia, 2013.
  • « Itinéraires. Du droits à la culture aux droits culturels, un enjeu de démocratie », Publication Paideia, 2015.
  • « Ouvertures de chantiers, développer les droits culturels dans le champ du social, la lecture publique et le numérique, les patrimoines, mémoires et paysages, l’éducation et la jeunesse », Publication Paideia, 2016.
  • Baudoin M., Bernos-Cordes C., « Le numérique, un formidable outil de médiation », in Ouvertures de chantiers, Publication Paideia, 2016, p. 48
  • Brenan Sardou C., L’Herminier R., « Projet éducatif territorial », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 88.
  • Clamme E., « Séjours d’intégration des élèves de 6ème», in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 48
  • Collectif CRIC, « Le CRIC, collectif des réseaux d’insertion par la culture », in Itinéraires, Publication Paideia, 2015, p. 38
  • Fleury C., « Plaidoyer pour la mise en réseau », in Ouvertures de chantiers, Publication Paideia, 2016, p. 52
  • Fuseau M., « Tiss’Ta Toile », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 54
  • Keiff S., « Pour le bien être de tous, avec tous », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 82
  • Meyer-Bisch P., « Evaluer autrement », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 42
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