PROPOSITION #8
Mise en place d’organes mixtes de concertation pour la mise en œuvre des orientations des schémas de lecture publique
DÉPLOIEMENT DE LA PROPOSITION
ENJEUX
Favoriser le croisement des savoirs et expériences
- Développer et entretenir une réciprocité des savoirs, des connaissances, des expériences ou des découvertes (réciprocité des apports culturels) (droit de choisir et de voir respecter son identité culturelle, droit de connaître et de voir respecter sa propre culture ainsi que les cultures des autres, droit d’accéder aux patrimoines culturels, droit de participer à la vie culturelle, droit à la formation, droit à l’information)
- Chercher une pluralité de références culturelles pour valoriser les références des personnes (droit de choisir et de voir respecter son identité culturelle, droit de connaître et de voir respecter sa propre culture ainsi que les cultures des autres)
- Permettre le croisement entre les connaissances instituées et les connaissances issues des usages quotidiens (droit de choisir et de voir respecter son identité culturelle, droit de connaître et de voir respecter sa propre culture ainsi que les cultures des autres, droit d’accéder aux patrimoines culturels)
Rendre les politiques culturelles plus efficientes
- Adapter les politiques culturelles au territoire et à ses habitants plutôt qu’appliquer les politiques aux territoires (droit de participer à la vie culturelle et aux décisions des communautés dont on est membre)
- Favoriser une meilleure compréhension des politiques publiques, des missions des médiathèques et l’appropriation des services et ressources qui y sont proposés par les habitants (droit de participer à la vie culturelle et aux décisions des communautés dont on est membre)
Désacraliser les lieux culturels
- Désacraliser le lieu Médiathèque (droit de participer à la vie culturelle et aux décisions des communautés dont on est membre)
Construire des dynamiques collectives démocratiques
- Créer des espaces de partage autour de la lecture publique (droit de participer à la vie culturelle et aux décisions des communautés dont on est membre, droit d’accéder aux patrimoines culturels, droit à la formation, droit à l’information)
- Construire une dynamique collective participative (droit de choisir et de voir respecter son identité culturelle, droit de connaître et de voir respecter sa propre culture ainsi que les cultures des autres, droit de participer à la vie culturelle et aux décisions des communautés dont on est membre)
« Les ressources culturelles sont toutes les formes de savoirs portées par des personnes, des communautés, des institutions, qui peuvent être déposées dans des œuvres ordinaires ou extraordinaires, et vécues dans des pratiques. L’exercice de toutes les libertés suppose non seulement d’accéder aux savoirs officiels, mais aussi de participer à un croisement permanent des savoirs vécus. Chacun est aussi bien porteur que preneur de richesse culturelle et doit pouvoir participer à ce trésor, ce patrimoine commun. Les libertés n’existent que si elles s’écrivent et se lisent, non seulement dans les livres et les lois, mais aussi un peu partout dans les territoires. Le droit de lire et d’écrire est au cœur des droits, des libertés et des responsabilités culturels. C’est pourquoi une bibliothèque publique, notamment et comme toute institution culturelle, est un lieu d’hospitalité, dans et hors les murs. « Lieu du lien », rencontre des personnes et des connaissances, elle contribue au développement d’un espace public libre et exigeant, un espace de paix et de formation permanente. Si cet apprentissage mutuel se développe partout et de façon appropriée dans les territoires, alors l’étoffe du tissu social se renforce : elle est enrichie de mémoire, de compréhension mutuelle et de projets partagés. » [introduction, chantier libérons les ressources ! publication Paideia, 2016 p. 39]
« Le référentiel théorique et conceptuel des droits culturels est un support de réflexion pour construire des critères d’évaluation des projets que le département soutient au travers des 4 dispositifs dits de « médiation culturelle » et ne pas tomber dans l’écueil de l’évaluation quantitative. Que produisent ces projets en termes de richesse et de développement humain ? Contribuent-ils à réduire les inégalités sociales ? Aident-ils à développer la participation des habitants à la vie citoyenne ? Contribuent-ils à la mixité sociale ? Comment penser la catégorisation des publics dans le cadre de ces dispositifs de médiation culturelle au regard des droits culturels ? Si les droits culturels sont avant tout des droits individuels, les dispositifs que mes collègues et moi coordonnons ont une dimension collective. Il convient donc de penser les enjeux de ces droits dans une telle dimension » [Vieilleville, 2013, p. 51]
« Je suis arrivé en 2001 au Conseil général sur une mission très spécifique qui portait sur la culture numérique, avec l’intégration de l’espace multimédia Gantner dans les services de la médiathèque départementale. Selon moi, les nouvelles technologies ce ne sont pas le numérique, mais plutôt « les technologies de socialisation », le numérique en étant une forme démultipliante. Ce n’est pas une plateforme de réseau social qui fait une révolution en Tunisie par exemple, mais bien une transformation des technologies, dans leur ensemble, de socialisation d’une population. Patrice Meyer-Bisch le formalise bien dans ses conférences en présentant la photo du marionnettiste avec l’enfant : ce qui est important dans l’acte culturel, c’est ce qui est entre les deux personnes, ce qui va se jouer entre ces deux êtres humains, que la marionnette va formaliser, et la façon dont les capacités de chacun vont se connecter et se reconnaître. Si nous partons de là, l’enjeu numérique et de lecture publique – ou l’offre documentaire en général -, est bien celui de lier des personnes et de permettre à un savoir de circuler entre elles, que cela soit un livre, un univers esthétique ou quelques mots. Il y a avec le numérique une amplification de la transformation de l’expert vers le prescripteur. Cela est valable aussi pour le bibliothécaire. Nous retrouvons ici la question de la refondation de notion de médiation dont j’ai parlé précédemment » [Collin, 2013, p. 63]
« Créer des espaces et des temps de lecture au sein du Centre Hospitalier Psychiatrique de Cadillac est à l’origine une proposition du Comité Culturel de l’établissement. Le réseau de lecture publique sur ce territoire étant peu structuré, la BDP a été sollicitée en tant que membre du comité de pilotage. Rapidement, l’ambition initiale de créer une « grande bibliothèque » pour les patients, leurs familles et les soignants a été phasée : formation et sensibilisation des personnels soignants volontaires, mise en place de bibliothèques ambulatoires dans des services tests, organisation de cafés rencontres pour aboutir en phase finale à la création d’une bibliothèque. […] Si la question des droits culturels n’était pas présente au début de l’aventure, elle est devenue un véritable fil rouge dès l’implication de la BDP dans la démarche. Les droits culturels ont été intégrés dans la formation dispensée aux personnels du Centre Hospitalier et le comité culturel sensibilisé à la déclaration de Fribourg. Dès lors, une prise de conscience s’est faite pour les porteurs du projet qu’au-delà d’une simple offre de lecture pour un public dit « empêché » (mission affirmée par ailleurs pour les bibliothèques via le Manifeste de l’Unesco) se mettaient en place des enjeux en matière de liberté individuelle et de droits culturels. Cette démarche aura été un levier de développement individuel et collectif du projet et un espace de débat et de questionnement sur nos missions. Elle nous a permis aussi de positionner et d’identifier la lecture publique dans de nombreux projets du Conseil Général et d’interroger plus généralement la politique culturelle de notre institution » [Ney, 2013, p.52]
PROBLÉMATIQUES
Associer les élus aux instances participatives
- Difficulté à associer les élus à ce type d’instances participatives : tension entre la mise en place d’instances permettant la participation directe à la prise de décision en matière de politique publique et des formes de gouvernement basées sur la représentation. Comment des instances participatives peuvent-elles devenir des lieux d’approfondissement de la démocratie représentative ?
Représentativité des organes mixtes
- Tension entre la volonté de faire de ces organes des lieux de décision ayant des impacts sur l’organisation de la chose publique et la légitimité des personnes invitées à y prendre part. Comment faire en sorte que cet organe puisse être légitimement représentatif des diversités du territoire ?
Maintien des dynamiques face au turn-over des membres de l’organe mixte
- Tension entre le caractère bénévole de ce comité mixte et le besoin d’une action dans la continuité. Comment maintenir une dynamique dans un contexte et un groupe mouvant ?
La mobilisation des personnes en mesure de lever les freins de la participation citoyenne
- Difficultés à mobiliser les personnes les plus à même de lever les freins divers. Comment mobiliser les personnes relais, en mesure de maintenir une dynamique dans le cadre de groupes mouvants ?
- Prendre en compte et permettre le dépassement des formes d’éloignement de ce type de pratiques participatives (physique, social etc.) : tension entre le besoin de faire de cette instance un lieu de diversité sociale et la difficulté constatée dans la mobilisation des personnes habituellement éloignées de ce type de pratiques participatives. Comment faire de ces instances un lieu de mobilisation citoyenne et de valorisation des pratiques participatives ?
- Manque de compétences dans la mise en place d’outils de travail communs dans des contextes participatifs : tension entre la volonté de faire de ces instances des lieux d’activation du pouvoir d’agir des personnes et le manque de compétences et d’outils en matière de développement de l’intelligence collective d’un groupe de citoyens. Comment faire d’une instance mise en place au sein d’une structure publique un lieu d’éducation populaire ?
« En France, les bibliothèques se sont multipliées avant la mise en avant et la diffusion de la notion de droits culturels. La période la plus forte dans le maillage du territoire en équipements de lecture publique s’étale entre les années soixante-dix et les années quatre-vingt-dix. En cela, elles sont porteuses d’une conception passée qui ne prenait pas en compte l’individu de la même manière qu’on pourrait désormais le faire. Celui-ci était vu comme la toile sur laquelle l’institution pouvait afficher sa vision du monde (Dubet, 2002). Les citoyens consentaient à cette politique car ils étaient suffisamment nombreux à croire à l’existence d’une culture intrinsèquement supérieure. C’est ainsi que la diversité culturelle trouvait une limite notamment dans la notion de « qualité » dont les professionnels étaient les gardiens légitimes. […] Cette vision est donc en voie d’épuisement et, à l’instar de la jeune ministre de la Culture, il devient possible d’afficher son absence de pratiques de lecture de littérature légitime (Tonet, 2014). Les individus entendent choisir eux-mêmes les motifs et couleurs de leur toile. Ils aspirent à se dépeindre eux-mêmes loin d’une figure impersonnelle et imposée. Dans un tel contexte, dont il est bon de prendre acte, comment penser la bibliothèque ? Quels services peut-elle offrir ? Et plus largement, comment repenser sa relation à la population qu’elle a pour mission de desservir ? » [Poissenot, 2016, p. 42]
« Qu’est-ce qu’une bibliothèque ? Basiquement, un lieu physique – désormais parfois virtuel – proposant la consultation ou le prêt de collections raisonnées de textes, de documents sonores, d’images, de données numériques… La bibliothèque ou médiathèque de lecture publique, si elle est historiquement cela, est également, depuis ses origines mais avec une acuité toujours croissante, un espace public initiant les conditions opportunes pour l’ensemble de la population, toutes catégories sociales ou culturelles confondues, toutes générations confondues, de rendez-vous avec les domaines de connaissance, de rendez-vous tant avec les autres qu’avec soi-même. Elle est un lieu d’émancipation de l’individu, un espace de liberté, non frappé du sceau de l’obligation institutionnelle, pas plus que de celui des séductions commerciales, qui offre à tout un chacun la possibilité, modestement, de structurer son identité. […]
Quand la bibliothèque est cela, ce qui malheureusement n’est pas encore toujours le cas, alors elle est intrinsèquement le lieu de l’exercice des droits culturels, celui de l’ouverture vers l’ensemble des droits humains. […] La question de cet équipement pensé comme un « sanctuaire » est en effet posée. Les citoyens se font désormais leur propre idée de la bibliothèque et demandent qu’elle soit prise en compte. […] La mise à mal d’une vision universaliste des références culturelles s’accompagne d’une remise en cause de la culture comme source de hiérarchisation des personnes. Certains bibliothécaires eux-mêmes commencent à prendre la parole pour se demander au nom de quoi, ils privilégient telle production plutôt que telle autre. Dès lors, la bibliothèque, plutôt que de travailler à la différenciation-hiérarchisation des membres de notre société pourrait les rassembler autour de références communes […] La question des droits culturels dans les bibliothèques prend donc place dans un mouvement plus vaste de redéfinition de la relation des institutions publiques avec les administrés. Ce mouvement est en marche mais progresse à un rythme que certains usagers jugent trop lents et qui ne doit pas ralentir au risque de frapper d’obsolescence ces équipements par ailleurs nécessaires à la vie de nos démocraties.» [Duperrier, 2013, p. 89]
« Je ne savais pas mettre les bons mots sur les objectifs de la Médiathèque départementale. La conférence introductive de Patrice Meyer-Bisch fut une évidence. J’analyse plus clairement mes vingt ans de pratique professionnelle et cela m’ouvre d’immenses perspectives d’avenir. En tant que Bibliothèque départementale de prêt (BDP), nous avons analysé une partie des actions menées dans le cadre de notre compétence obligatoire, la lecture publique, au regard des droits culturels. Ce travail a permis de valoriser les aspects positifs de notre action mais également de pointer les éléments défaillants de nos dispositifs. […] Nous ne connaissions pas ces droits fondamentaux et nous avons rencontré des difficultés à identifier leur articulation avec les droits culturels. J’ai toujours eu l’intime conviction qu’aucune discrimination n’avait sa place dans une bibliothèque. Quels que soient l’âge, le sexe, la religion, la liberté d’expression, d’opinion ou la couleur de peau, tout le monde peut y entrer et y trouver sa place. En énonçant ce postulat, je pense qu’un bibliothécaire est destiné à mettre en place l’effectivité des droits culturels de chaque individu. Après, il s’agit de trouver la bonne méthode. Seuls, nous ne pouvons pas y arriver. En tant que directrice de BDP, cela m’a permis d’avoir une ouverture sur les autres directions du Conseil général : l’environnement, les routes, le social bien évidemment avec lesquelles j’essayais de travailler depuis des années sans véritablement réussir à construire. La démarche m’a permis d’avoir des temps de travail personnalisés avec chaque membre de l’équipe qui a souhaité s’investir, se pencher sur les actions menées et à venir, en les analysant au regard des droits culturels. Ce fut l’occasion de réinstaurer un dialogue entre nous tous […] J’ai rédigé seule le premier schéma de développement de l’action culturelle de proximité et de lecture publique du Territoire de Belfort, en m’appuyant sur le travail d’analyse d’une personne de la cellule évaluation des politiques publiques du Conseil général. Aucun membre de mon équipe ne m’avait secondée dans cette tâche. L’élaboration du prochain schéma se fera en concertation avec tous ceux qui souhaiteront s’impliquer, membres de l’équipe comme salariés et bénévoles du réseau. Les réunions annuelles du réseau départemental regroupaient les responsables des trente-deux bibliothèques et s’organisaient sous la forme d’une grande messe où la Médiathèque départementale présentait les actions qu’elle avait menées et tentait d’obtenir commentaires, débats, voir critiques, qui peinaient à s’exprimer. En 2013, j’ai fait la proposition de ne pas établir d’ordre du jour à cette journée mais de laisser les personnes présentes, membres de l’équipe et du réseau, suggérer les points qu’ils souhaitaient aborder […] Les synthèses qui en ont découlé nourriront la réflexion autour du prochain schéma de développement de l’action culturelle de proximité et de lecture publique. Ce dernier s’inspirera également des actions analysées par les trois autres départements engagés dans la démarche. Cette démarche m’encourage à rencontrer plusieurs directions du Conseil général afin de leur expliquer nos missions et nos actions et d’approfondir à mon tour les leurs. Il est évident qu’au sein de beaucoup de collectivités, il y a une méconnaissance de ce que font les uns et les autres » [Herry, 2013, p. 70-71]
MISE EN ŒUVRE
Identifier ce qui fait commun entre les personnes impliquées et reconnaître la complexité des rôles à tenir
- Identifier et permettre l’expression des intérêts singuliers à l’origine de la mobilisation de chacun au sein de l’organe mixte et mener un travail de construction d’une culture commune à partir de ces intérêts particuliers pour contribuer à en garantir la durabilité.
- Sortir de l’assignation de chacun à une communauté spécifique dont il serait le représentant et valoriser plutôt la multi-appartenance de chaque membre de l’organe à des multiples communautés qui se côtoient et s’entremêlent.
- Valoriser la capacité de chaque membre à être un relais auprès des groupes les plus éloignés (physiquement et symboliquement) de ce type de pratiques participatives en lien avec une structure culturelle
Développer des systèmes d’évaluation adaptés aux organes mixtes
- Travailler à la mise en place d’un système d’auto-évaluation de l’action de l’organe mixte en lien avec et par rapport à l’intégralité des missions de la médiathèque
- Faire de la mise en place d’organes mixtes au sein de la médiathèque l’un des critères d’évaluation de l’activité de la médiathèque en tant qu’acteur de la cohésion sociale du territoire où elle est installée
- Dépasser la logique d’évaluation de l’activité de ces équipements en fonction du nombre d’inscrits
- Développer la capacité de chacun à comprendre argumenter la pertinence de cette méthode d’évaluation au regard des droits culturels
Développer le travail en commun et en transversalité
- Former les membres des organes mixtes aux méthodes de travail participatif et d’intelligence collective afin de permettre une autonomisation de ces instances citoyennes et un échange des rôles de gouvernance face au fort turn-over
- Faire de la médiathèque et de ses organes mixtes un endroit de croisement des autres directions de la collectivité
- Prouver par leurs actions et leurs méthodes de travail innovantes la centralité de ces organes mixtes en termes de développement d’un travail en transversalité entre les directions
- Informer régulièrement les directions de la collectivité sur l’action de ces organes mixtes
Travailler la dimension publique des organes mixtes
- Faire de la présence des élus une opportunité pour travailler la représentativité des organes mixtes et de la définition de comment ces instances citoyennes sont légitimes dans le travail qu’elles proposent autour d’une politique publique (privé ! public ! commun)
- Définir avec les membres de l’exécutif les modalités et les temps les plus pertinents pour leur implication dans les organes mixtes de la médiathèque
- Informer régulièrement l’exécutif sur l’action de ces organes mixtes.
Affirmer le droit à l’expérimentation
- Valoriser et argumenter le droit à l’expérimentation en termes de droits culturels
« Travailler par des actions collectives à l’émergence et l’expression de savoirs de bénéficiaires du RSA isolés, ouvrir les espaces des bibliothèques aux pratiques des habitants pour qu’ils se familiarisent avec la pratique de la lecture, suggérer un ouvrage à son voisin en s’émancipant ainsi de la relation bibliothécaire- usager : autant d’expériences dans lesquelles le pas de côté démontre sa pertinence dans la réalisation des objectifs de l’action et le respect des droits culturels des personnes. La recherche des ressources qui n’étaient pas prises en compte auparavant soulève naturellement des problématiques sur le rôle de l’institution et de ses agents. Réfléchir à ces questionnements permet de s’interroger sur la prise en compte des libertés et des responsabilités de chacun dans sa relation aux autres acteurs. L’observation des cas d’école met en lumière les contextes de libération de nouvelles ressources dans les métiers qui laissent la place à de l’inattendu et qui donnent ainsi à une institution ou à un métier une fonction complémentaire à la fonction instituée. [Publication Paideia, 2015, p.86-87]
« Un énorme chantier s’est ouvert pour l’équipe de la Médiathèque départementale du Territoire de Belfort : la construction d’un nouveau schéma de développement de l’action culturelle de proximité et de lecture publique, faisant état des orientations fixées par le Conseil général fin 2007 et posant les jalons d’une nouvelle dynamique centrée autour des droits culturels et de leur effectivité pour les habitants du département.[…] La route fut semée d’embûches : bouleversements sociaux (crise financière, rapports à la connaissance, à la prescription…) et révolution technologique (perte du monopole des médiathèques sur l’information et l’apport de connaissances, modalités d’appropriation des outils numériques…) nécessitaient de dégager de nouveaux points d’articulation dans les façons de travailler et de concevoir les missions des médiathèques de demain. […] Plusieurs actions sont d’ores et déjà engagées avec notamment la Direction de l’enfance et de la famille et la Direction de l’action territoriale avec laquelle nous collaborons afin d’associer les professionnels (éducateurs, assistants éducatifs, assistants sociaux, médecin de la PMI, etc.) au choix et au dépôt de collections multisupports au Foyer de l’enfance et dans les Points Accueil Solidarité du Département. Nous envisageons également, en collaboration avec la Direction du management et des ressources humaines de développer des partenariats formations / actions avec d’autres services du Conseil général afin d’aider à la mise en place d’animations culturelles dans d’autres lieux que les médiathèques. Bibliothécaires du réseau départemental et agents du Département issus des filières hospitalières et sociales pourront ainsi partager leurs expériences et développer leurs compétences dans le domaine du livre et de la lecture afin de proposer aux enfants de libérer leur imaginaire et d’appréhender de manière ludique l’écriture, l’illustration, la musique ou tout autre moyen d’expression artistique accessible par le biais des oeuvres constituant les collections d’une médiathèque. Enfin, la Direction de l’insertion et la Médiathèque départementale se sont associées afin d’organiser sur l’ensemble du département, quatre réunions d’information au sein de quatre médiathèques du réseau. Destinées aux personnes bénéficiaires du R.S.A., ces rencontres visaient deux objectifs : la constitution d’un groupe ressources en vue de favoriser les échanges sur l’organisation du dispositif RSA et le développement de l’offre d’insertion ainsi que la découverte par ces personnes des espaces, ressources et services qu’une médiathèque peut leur offrir » [Herry et Pagnot, 2016, p. 50
« Le chemin à parcourir reste conséquent : il est difficile de revendiquer un droit à expérimenter, à inventer ou à innover alors que les marges de manœuvre se réduisent. Mais les effets de cette nouvelle synergie ont laissé apparaître une plus-value inattendue, des échanges constructifs et une compréhension accrue des enjeux des droits culturels sur les missions d’une médiathèque. Et une communauté timide et modeste dont les contours restent encore à définir a pointé le bout de son nez. Nous souhaitons que cette communauté s’agrandisse afin de soutenir nos réflexions et de faire émerger un sens commun pour que chaque citoyen, habitant, individu, personne qui constitue la population du Territoire de Belfort se sente acteur et détenteur de sa propre culture. Mieux communiquer, réussir un croisement efficient des politiques publiques tant au sein de la collectivité que dans le réseau départemental des médiathèques en général, parvenir à inscrire le numérique au coeur du développement individuel ou tendre vers un accompagnement personnalisé qui pourrait remplacer la prestation de service, tels sont les destinations que nous souhaiterons atteindre dans ce nouveau schéma » [Herry et Pagnot, 2016, p. 51]
« Les droits humains, notamment les droits culturels, repositionnent clairement le développement culturel, non pas seulement lié à une politique d’affichage ou d’image d’une institution publique, mais comme moyen d’impliquer durablement les acteurs dans les actions qu’ils ont choisi de développer et mener. […] Les droits culturels mettent en valeur la nécessaire capacité d’évolution d’une collectivité territoriale de taille importante vis-à-vis d’une société en mutation, pas seulement d’un point de vue technologique, mais aussi d’innovation participative » [Fleury, 2016, p. 52]
CAS D’ÉCOLE
Schémas départementaux de développement de l’action culturelle de proximité et de lecture publique
…
DÉPLOIEMENT DE L’ANALYSE D’UN CAS
Récit de la pratique N...
Article
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Conclusion
RESSOURCES
- « Du droit à la culture aux droits culturels. Une première année d’observation et d’évaluation des politiques publiques départementales au regard des droits culturels », Publication Paideia, 2013.
- « Itinéraires. Du droits à la culture aux droits culturels, un enjeu de démocratie », Publication Paideia, 2015.
- « Ouvertures de chantiers, développer les droits culturels dans le champ du social, la lecture publique et le numérique, les patrimoines, mémoires et paysages, l’éducation et la jeunesse », Publication Paideia, 2016.
- Collin J-D., « Une révolution symbolique », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p.63
- Fleury C., « Plaidoyer pour la mise en réseau », in Ouvertures de chantiers, Publication Paideia, 2016, p. 52
- Duperrier A., « Lecture publique », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 89
- Herry E., « Les bibliothécaires au cœur de la démocratie», in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p.70
- Herry E. et Pagnot B., « Sur le chemin des droits culturels : itinéraire d’un schéma de développement de la lecture publique », in Ouvertures de chantiers, Publication Paideia, 2016, p. 50
- Ney C., « Offre de lecture au sein du Centre Hospitalier psychiatrique de Cadillac », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p.52
- Poissenot C., « Quelle bibliothèque pour les individus porteurs de droits culturels », in ouvertures de chantiers, Publication Paideia, 2016, p. 42
- Poissenot, C. La nouvelle bibliothèque : contribution pour la bibliothèque de demain. Voiron : Territorial Éditions, 2009
- Poissenot, C. « Un nouveau cadre d’action pour les bibliothèques », in J. Schöpfel & C. Boukacem-Zeghmouri (Eds.), Vers la bibliothèque globale : l’agenda 21 dans les bibliothèques, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2014.
- Vieilleville A., « Livre à vous », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 51