PROPOSITION #11

Le CER : des contributions à diversifier pour un accompagnement efficient

Lors du Forum Ouvert « En 2015, quelles actions et quels projets souhaitez-vous expérimenter au regard des droits culturels ? » organisé dans le cadre de la démarche Paideia, les 26 et 27 novembre 2014 à la Condition Publique de Roubaix, plusieurs actions concernant la prise en compte des savoirs et la validation des acquis des allocataires du RSA ont été proposées.
Dès lors, un groupe constitué d’acteurs sociaux et culturels du Département s’est organisé pour réaliser des études de cas concernant des pratiques d’accompagnement des personnes allocataires du RSA.
Les enseignements tirés de l’ensemble des cas analysés au regard des droits culturels ont permis d’élaborer cette proposition.
Au cours de ce travail, la diversité des manières de valoriser les savoirs des personnes allocataires du RSA dans le cadre de l’accompagnement social a été analysée au regard des droits culturels.

Le CER est un contrat d’engagement réciproque, signé avec le département, énumérant les engagements réciproques des parties en termes d’insertion professionnelle. Ce contrat précise les actes de recherche d’emploi que le bénéficiaire du RSA s’engage à accomplir.

« Les liens entre le culturel et le social apparaissent avec de plus en plus d’importance, mais leur nature est encore très imprécise. Le culturel se trouve le plus souvent marginalisé, restreint aux arts ou aux communautés de migrants. En réalité le culturel traverse et structure tout le tissu social, à condition de le comprendre à son niveau fondamental : tout ce qui concerne les savoirs, ceux de la vie quotidienne comme ceux qui sont spécialisés. Ces savoirs assurent une circulation du sens entre les personnes, les groupes et leurs activités. Toute texture sociale se forme, se développe, se maintient et s’adapte, à partir de tissages de savoirs. Là se situent les principales sources de développement individuel et collectif, mais aussi de souffrances et de conflits. Cette approche permet de mettre concrètement en lumière cette texture du social inscrite dans les territoires. Les droits culturels invitent à considérer les problématiques posées à la société non plus en termes de besoins à satisfaire, mais de capacités, d’échanges de savoirs, de liens internes et externes à développer et à tisser. Ils impliquent une mise en dialogue qui reconnaît les valeurs de l’un et de l’autre, chacun étant vu dans sa singularité et dans son environnement de vie. Ils permettent de reconsidérer chaque personne dans sa globalité, dans un contexte où les dispositifs tendent à la segmenter » [Publication Paideia, 2016, p. 9]

« Chaque femme, chaque homme a le droit à l’éducation, à l’information, conditions indispensables pour exercer sa citoyenneté. Ces « droits culturels », énoncés dans la Déclaration de Fribourg, sont pleinement intégrés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948. Ils permettent l’accès aux ressources nécessaires à la construction libre et à l’expression des identités culturelles. Leur reconnaissance pleine et entière est, à mon sens, essentielle, car elle conditionne l’accès à tous les autres droits. C’est donc la base d’une société juste et respectueuse de chacun, hors des communautarismes et de la caricature de soi. […] Notre responsabilité en la matière est importante. En tant que chef de file de l’action sociale, nous devons valoriser le savoir et sa reconnaissance, car ils sont facteurs d’émancipation et permettent fondamentalement de lutter contre l’exclusion sociale. C’est bien le domaine culturel au sens réel qui conditionne toutes les capacités personnelles et collectives, et leurs interactions. Or, aujourd’hui, il existe un cloisonnement fort entre les politiques culturelles et les autres politiques dont celles des solidarités, ce qui réduit les questions sociales à une logique de guichet peu efficace à moyen terme. Nos politiques publiques doivent évoluer pour permettre à chacun d’exercer ses capacités, sa richesse relationnelle, mais aussi pour valoriser les ressources culturelles des territoires, la diversité culturelle des personnes, des savoirs et des patrimoines. Ce changement de pratiques dans la gestion des politiques publiques appelle à repenser l’organisation même des collectivités, leurs façons de travailler. Il nous faut développer des relations fortes entre nos différentes activités et enrichir le travail commun, les échanges entre nos services sur cette idée du développement des capacités des habitants. Il s’agit de sortir des organisations et des pensées pyramidales aussi bien chez les professionnels que chez les citoyens. Nous devons également chercher la diversité des conceptions culturelles liées à nos compétences clés comme celles portant sur la vieillesse, l’enfance, l’insertion, la pauvreté. […] Le culturel doit être au centre de toute dynamique sociale et notre rôle, en tant qu’acteur public, est d’entretenir, de développer et de faire circuler les droits culturels à travers toute la société. C’est certainement l’un des enjeux les plus fondamentaux pour notre démocratie » [Ackermann, Paideia 2013, p. 15]

DÉPLOIEMENT DE LA PROPOSITION

ENJEUX

Favoriser la réciprocité sur les objectifs du contrat
  • Obtenir un engagement réciproque sur les objectifs du contrat : prendre en considération les situations dans lesquelles les parties prenantes du CER sont prises pour convenir ensemble de ce qu’elles peuvent engager (droit de voir respecter son identité culturelle, de faire référence ou non à une ou plusieurs communautés d’appartenance, de développer des coopérations)
Retrouver l’équilibre des engagements (sortir du système punitif)
  • Équilibrer la dynamique de l’engagement réciproque : établir cette dynamique sur d’autres ressorts que la peur du contrôle et le système punitif (droit de participer à la vie culturelle et de développer des coopérations)
Favoriser les conditions du développement des capacités de toutes les parties engagées
  • Travailler sur les préjugés : plutôt que de nier leur existence, mettre en œuvre les conditions nécessaires pour dépasser les préjugés et sortir des assignations identitaires (droit de choisir et voir respecter son identité culturelle, de connaître sa propre culture et d’autres cultures, droit à l’information adéquate)
  • Reconnaître les capacités et ressources de chacune des parties engagées : diversifier les modalités et manières de contribuer à ce qui est visé par le contrat afin de favoriser l’engagement de chacune des parties (droit de voir respecter son identité culturelle, de connaître d’autres cultures, de participer)
Concevoir l’accompagnement comme processus au long cours
  • Concevoir l’accompagnement comme un processus : entrer dans la complexité de ce que recouvre l’accompagnement des personnes qui dépend de la contribution de chacune des parties à la définition des priorités et des différentes étapes à franchir (droit de choisir et voir respecter son identité culturelle, de participer et de développer des coopérations)

« Le droit de participer à la vie culturelle (art. 27 de la déclaration universelle des droits de l’homme) est une condition essentielle et négligée du droit de participer à un ordre démocratique tel que les droits de l’homme soient effectifs (art. 28). Chacun est porteur et demandeur de savoirs, aussi est-il essentiel de recueillir et de croiser les savoirs d’où qu’ils viennent, y compris des personnes qui sont en marge. Innover, c’est travailler autrement avec les acteurs pour que des synergies, souvent inattendues, se développent. En deçà des modes, innover en profondeur, c’est instaurer concrètement les conditions d’une nouvelle circulation du sens au travers des activités et des métiers. Les valeurs communes ne sont pas seulement supposées par la démocratie, elles sont toujours à construire, à développer et à approprier, partout où se fabrique la culture, où se forme la texture de nos sociétés » [Meyer-Bisch, 2013, p. 21]

« […] toute texture sociale se forme, se développe, se maintient et s’adapte, à partir d’un tissage de savoirs. Là se situent les principales sources de développement, mais aussi de souffrances et de conflits. (…) Ce n’est pas une vision irénique qui réduirait l’importance accordée aux conflits sociaux. Au contraire, ceux-ci sont compris dans leur gravité, au principe de ce qui fait la capacité d’agir, individuellement ou en commun: la reconnaissance ou le déni des savoirs propres. Des hommes et des femmes en souffrance sociale dont les savoirs ne sont pas pris en considération sont doublement mutilés dans leurs capacités : leurs problèmes visibles et leurs possibilités de trouver, choisir et assumer eux-mêmes leur chemin de libération. Il en va de même pour les professionnels du travail social qui sont témoins de cette souffrance et qui, étant peu, ou pas, légitimés à l’analyser, à la partager et à la faire remonter, se trouvent souvent eux-mêmes en souffrances croisées : celles dont ils sont les témoins, celles qu’ils subissent en ne pouvant partager leurs révoltes et leurs espoirs. Le manque de sens est désespoir. Le mépris et le manque de savoirs « essentiels », ceux qui assurent une circulation du sens entre les personnes, leur environnement et les diverses activités, permettent d’éclairer la gravité des conflits et des dénis de droit. Notre thèse est que les droits culturels, dans l’ensemble du système des droits de l’homme, jouent un rôle crucial. Ils révèlent un troisième terme dans le conflit classique des libertés : entre les libertés formelles et les libertés réelles se trouvent les libertés instruites » [Meyer-Bisch, 2016, p.10]

« Les politiques d’insertion, de formation et d’emploi ont pour finalité de favoriser l’insertion professionnelle des publics dits en difficultés. Tous les partenariats institutionnels sont construits dans ce sens. Les organisations ont peu de capacité d’action pour résoudre l’adéquation entre les profils de bénéficiaires mis en difficultés par le défaut de connaissance et d’adaptation au monde du travail et les exigences des employeurs face aux contraintes économiques et de productivité qu’ils subissent. Devant ce constat, des conseillers emploi formation insertion (CEFI) accompagnent les publics en grande difficulté en complémentarité des travailleurs sociaux et des conseillers de Pôle emploi dans le cadre d’ateliers collectifs d’insertion professionnelle. Les bénéficiaires orientés par leurs accompagnants bénéficient d’ateliers pour réfléchir sur leurs envies professionnelles avec des supports visuels, ludiques et participatifs dans l’objectif de mieux se comprendre et comprendre l’environnement dans lequel ils évoluent ou veulent évoluer.

Regarder les contenus de ces ateliers par le prisme des droits culturels permet de vérifier que les cultures des bénéficiaires, des professionnels, des institutions, des employeurs, etc. peuvent être respectées si elles sont identifiées et reconnues par chacun. Lors des bilans des deux premières sessions d’ateliers collectifs, les participants ont tous nommé un enrichissement, individuel et collectif, lié à l’ouverture et la remise en cause des représentations. Ils ont notamment pu exprimer le désir d’utilité sociale pour renforcer leur besoin de mobilisation.

L’approche par les droits culturels met en valeur des indicateurs pour valider ce ressenti sur la nécessité de développer les capacités et les ressources individuelles des personnes. Cela met aussi en évidence l’absence de critères de reconnaissance dans les outils déployés pour les publics en recherche d’emploi. Les personnes en difficulté dans leur insertion sociale et professionnelle, comme les professionnels qui les accompagnent, ont pourtant ce même besoin : être respectés pour ce qu’ils sont ! Au-delà de savoir-être et de savoir-faire, il y a savoir, faire et être, même quand on n’a pas d’emploi ». [Urbajtel, Paideia 2013, p. 52]

« Les droits culturels m’ont permis de formaliser et de mettre des mots sur des valeurs que je ne portais pas toujours de manière consciente. Les mots, parfois galvaudés, de « participation, partenariat, démocratie culturelle etc. » reprennent tout leur sens. La convivialité, le partage, le dissensus, tout ce qui fait le plaisir de travailler collectivement à l’enrichissement de chacun me motive dans cette démarche. J’ai la conviction profonde que les droits culturels sont la réponse la plus pertinente aujourd’hui à la crise de sens que peut connaître l’action publique sous toutes ses formes. Aujourd’hui, je peux m’appuyer sur ce référentiel pour argumenter un choix ou des orientations stratégiques. Elle me permet de discerner plus facilement les enjeux de notre action au sein du service de développement culturel. Je suis davantage en mesure d’expliquer pourquoi la culture est si fondamentale dans la vie des hommes » [Gallet, Paideia 2013, p. 32]

PROBLÉMATIQUES

Personnes vues sous le prisme de problèmes à gérer, assignées et réduites à « l’étiquette sociale »
  • Perception des personnes au RSA comme des problèmes a gérer : tension entre la prise en compte des difficultés rencontrées par les travailleurs sociaux pour exercer leur métier et la prise en compte des personnes accompagnées. Comment ajuster la focale sur les capacités des personnes impliquées pour résoudre un problème commun ?
  • Assignation des personnes à un élément de leur identité : tension entre le fait de devoir cibler les problèmes à traiter et prendre en compte les personnes dans leur globalité. Comment sortir de l’assignation des personnes à un seul élément constitutif de leur identité ?
Insertion à voie unique
  • Insertion à voie unique, multiples freins à l’insertion : tension entre le fait de devoir répondre aux objectifs institutionnels (retour à l’emploi) et adapter l’accompagnement aux personnes. Comment démultiplier les capacités des personnes à agir pour leur propre développement, au même titre qu’à celui des communautés dans lesquelles elles sont impliquées ?
  • Incompatibilité des engagements : tension entre l’engagement des personnes dans un CER et les engagements tenus par ailleurs. Comment prendre en compte la place et les rôles tenus par les personnes dans les autres sphères de leur vie sociale ?
  • Incompatibilité des références culturelles : tension entre le partage d’une culture commune et la diversité des références culturelles des personnes. Comment instaurer un cadre favorable au dialogue entre les personnes porteuses de références culturelles parfois incompatibles ?
Isolement des personnes et des acteurs
  • Isolement des personnes, césure entre individu et collectif : tension entre l’accompagnement individuel des personnes suivant leur intérêt propre et la recherche de leur implication dans des collectifs. Comment déployer un accompagnement qui prenne en compte un développement des personnes basées sur la dynamique communautaire ?
Infantilisation des acteurs
  • Infantilisation des personnes : tension entre l’asymétrie des positions générée par le travail d’accompagnement et la prise en compte de l’égale des personnes en dignité et en droit. Comment partager des responsabilités et agir sur les modes de relations dans le travail social ?
Action sociale, institutions, services publics peu lisibles et visibles
  • Des difficultés livrées sans que rien ne bouge, services publics peu lisibles et visibles : tension entre la prise en compte des nécessités immédiates et le temps long du développement capacitaire. Comment déployer une multiplicité d’actions possibles favorisant une autre lecture et visibilité du service public ?

« Il s’agit aussi de rompre l’isolement des personnels confrontés quotidiennement à la souffrance des publics fragilisés, en s’appuyant sur la diversité des expériences, des compétences et dispositifs déjà existants dans les Départements » [Kanner, 2013, p. 16]

« Les identités culturelles se développent en puisant dans un ensemble de références culturelles. Pour cela, encore faut-il qu’elles existent, avoir appris à les connaître et reconnaître comme telles et qu’il y ait des espaces de confiance suffisants pour que chaque personne soit reconnue dans sa dignité. Travailler par des actions collectives à l’émergence et l’expression de savoirs de bénéficiaires du RSA isolés […] autant d’expériences dans lesquelles le pas de côté démontre sa pertinence dans la réalisation des objectifs de l’action et le respect des droits culturels des personnes. La recherche des ressources qui n’étaient pas prises en compte auparavant soulève naturellement des problématiques sur le rôle de l’institution et de ses agents. Réfléchir à ces questionnements permet de s’interroger sur la prise en compte des libertés et des responsabilités de chacun dans sa relation aux autres acteurs. L’observation des cas d’école met en lumière les contextes de libération de nouvelles ressources dans les métiers qui laissent la place à de l’inattendu et qui donnent ainsi à une institution ou à un métier une fonction complémentaire à la fonction instituée. Entreprendre des chemins de traverse, des détours permet de dépasser le cadre qui oblige à la fonction unique des lieux, qui pousse au cloisonnement et à la séparation des compétences, qui enferme dans des rôles statiques. Des relations nouvelles et nourricières pour l’action émergent lorsqu’on structure nos institutions de façon à ce que cette émergence soit possible. De nouvelles interconnexions de ressources interviennent alors. » [Publication Paideia, 2015, p. 86]

« Il y a banalité du mal quand les institutions sont sans pilote, en pilotages automatiques réglés par des normes impersonnelles, des standards dits « de qualité » qui font croire que l’on peut réduire l’éthique libre et personnelle à des procédures, chronophages de surcroît. En ce sens, le « mal social » est constitué de rapports arbitraires de pouvoirs, irresponsables plus que responsables et c’est bien plus grave car ils sont anonymes et se renvoient la responsabilité. Ils étouffent les libertés parce qu’ils les ignorent. Ils établissent des systèmes de jeux de miroirs en lieu et place d’une texture sociale cultivée, en légitimité régulièrement débattue et partagée » [Meyer-Bisch, 2016, p. 12]

« Une personne, seule ou un groupe, qui se voit privée de ses droits est considérée comme mineure, humiliée, incapable d’exprimer ses droits spécifiques, de développer ses libertés et d’assumer des responsabilités correspondantes. Le manque d’importance accordé à la nécessité d’outiller, de « capaciter » les libertés par du partage respectueux de savoirs, s’exprime par des injonctions contradictoires, une obligation insoutenable d’autonomie : demander à quelqu’un d’être autonome quand il n’en a pas les moyens, c’est une insulte qui s’ajoute à l’humiliation et cela revient à accuser les personnes des torts qu’elles subissent. En droit de l’homme, il est clair que les droits sont inconditionnels et que, s’il est important de reconnaître qu’ils impliquent des responsabilités, la revendication des droits fondamentaux précède l’exercice effectif des responsabilités. Certes, l’autonomie est une valeur essentielle, un but à poursuivre, mais elle ne peut pas être séparée de son complément : l’hétéronomie choisie. Autrement dit une personne est autonome, non pas quand elle est indépendante, mais quand elle est capable de choisir, avec des références culturelles appropriées, ses dépendances : ses amitiés, ses liens familiaux, son milieu de travail, ses relations commerciales, médicales, de quartier… L’autonomie en ce sens plus respectueux de l’importance des liens sociaux, n’est pas une responsabilité isolée, mais une co-responsabilité. Elle implique la capacité de s’approprier les ressources culturelles nécessaires pour choisir, tisser ou défaire des liens. Aucun être humain n’est capable, à lui tout seul, de supporter la vie. Cela ne signifie pas qu’il doive se fondre dans la masse, ou qu’on doive le dissoudre dans des collectifs et des catégories. Chacun est libre dans la mesure où il se réalise comme noeud dans des tissus sociaux et tisserand (co-tisserand) de ces tissus » [Meyer-Bisch, 2016, p. 14]

« Les travailleurs sociaux souhaitent sortir de cette logique de guichet et retrouver le sens de leur action, même si cela nécessite de faire évoluer certaines postures professionnelles. Mon rôle est de leur permettre d’engager ce changement dans l’intérêt du public, pour qu’il soit acteur de son projet, mais également dans celui du travailleur social pour qu’il se trouve au cœur de son métier. Les droits culturels deviennent un outil de travail afin de ne pas se limiter à la logique organisationnelle. Brigitte Bouquet (professeure émérite, chaire travail social et interventions sociales au CNAM) énonce qu’il y a deux conditions nécessaires pour réussir à prendre en compte l’autre comme partenaire et comme acteur à part entière : – le renoncement à la toute-puissance professionnelle en refusant de faire à la place de l’autre, – la croyance dans l’avenir en acceptant de s’appuyer sur les potentialités de l’autre pour réussir ». [Vienne, Paideia 2013, p. 48]

« Participant ainsi du mythe de l’individu autonome, ces projets [action culturelle participative] peuvent produire les mêmes effets pervers que ceux qui sont rendus visibles par d’autres chercheurs ailleurs à propos des transformations de l’État Providence en État social actif en termes de moralisation et de surresponsabilisation, de psychologisation du social, et par là d’euphémisation du politique. S’appuyer sur les ressources internes en laissant penser qu’elles seraient suffisantes (« mettre (généreusement) la personne au centre » plutôt que la question du vivre ensemble), sans travailler plus globalement la question des inégalités des ressources économiques et sociales.  […] Les propositions très puissantes de Nancy Fraser sont une solide invitation à embrasser cette question de manière complexe. La philosophe attire l’attention sur l’impérieuse nécessité d’une conception bidimensionnelle de la justice sociale qui tiendrait ensemble les enjeux de reconnaissance et les enjeux de redistribution. Elle appelle la recherche de dispositions institutionnelles et de politiques publiques capables de remédier en même temps à la distribution inique et au déni de reconnaissance, s’articulant autour du pivot normatif de la parité de participation à la vie sociale. Ce dernier ne peut être réduit à en appeler à l’implication au sein de projets particulièrement circonscrits dans leurs enjeux » [Pryen, 2016, p. 23]

« Mon implication au sein de Paideai et l’utilisation des outils de travail qui nous ont été proposés ont enrichi ma pratique professionnelle et m’ont permis d’avoir un nouveau regard sur ma place, mon rôle et mes devoirs de travailleur social, tant avec les personnes accueillies qu’avec l’équipe dans laquelle j’évolue. Ce projet est pour moi synonyme de cheminement collectif et individuel. Il me conforte dans l’idée que j’ai de mon métier : positionner ou repositionner la personne en tant qu’acteur de son quotidien, de son environnement, de sa cité avec tout ce qu’elle peut apporter aux autres par ses différences, sa culture et sa spécificité » [Willig, 2013, p. 33]

« Nous avions déjà deux politiques en direction des personnes bénéficiaires du RSA et une autre en direction des personnes âgées dans des établissements type EHPAD. La réflexion sur les droits culturels est venue de cette logique. Elle a permis d’approfondir la thématique tout en l’élargissant et en la mettant au coeur de la définition et de la mise en place des nouveaux dispositifs et des politiques du département. La démarche a aussi permis de prendre conscience de la nécessité de prendre en compte les droits culturels des personnes à tous les niveaux dans la collectivité et qu’il était légitime de la porter dans les autres délégations. Il y avait des choses qu’on faisait par bon sens, par éthique, mais qui n’étaient pas forcément verbalisées, formalisées et conscientes. La rencontre avec ces droits a permis de se dire « Voilà, j’ai les bonnes lunettes, maintenant je comprends pourquoi je vois les choses comme ça. Ça me permet d’avoir une vision partagée, un référentiel commun avec les autres. » […] Le département est l’employeur potentiel de 90 % des personnes qui vont sortir de l’IRTS. Il se préoccupe en ce moment de savoir si la formation proposée correspond aux réalités du terrain et aux difficultés rencontrées une fois en poste. Nous souhaitons également travailler avec l’IRTS pour avoir un regard sur la manière dont le travail social se réfléchit aujourd’hui. Dorina Hintea, responsable du département ressources a participé avec nous au séminaire de bilan en Ardèche. Nous avons commencé à réfléchir ensemble. Nous sommes également intervenus lors d’un colloque sur les droits culturels qui rassemblait toutes les écoles de travailleurs sociaux du Nord-Pas-de-Calais. Ils perçoivent l’intérêt que cela peut avoir pour envisager l’action collective qui a des difficultés à être mise en place. Les travailleurs sociaux travaillent vraiment de façon individuelle et les ressors de cette action collective sont encore méconnus et peu utilisés » [Gallet, 2013, p. 66]

« Dans le cadre de nos pratiques administratives, il peut également être question d’adapter nos documents et nos processus pour qu’ils soient mieux compris par les habitants, pas forcément à l’aise avec l’écriture, le vocabulaire technique, ou même simplement la langue française. Seul un service public accessible et compréhensible est efficace. Dans le Territoire de Belfort, des bénéficiaires du RSA ont ainsi été conviés à une séance de travail organisée par notre direction de l’insertion et notre direction de la relation aux habitants pour réfléchir au contenu des courriers dont ils sont destinataires. Clarification du langage administratif, meilleure connaissance du dispositif, estime de soi… L’opération a été plébiscitée par les bénéficiaires, mais aussi par les travailleurs sociaux ! […] L’évaluation et l’amélioration continue sont des principes essentiels pour conduire un développement durable. Cependant, on s’en tient souvent à des indicateurs factuels, temporels, quantitatifs, financiers… Certaines choses doivent évoluer pour prendre en compte la dimension culturelle. Par exemple, dans la conduite de nos actions, nous ne nous mettons malheureusement pas toujours à la place de l’usager, et même des usagers, dans leur diversité. Certaines questions fondamentales devraient cependant être posées dès la conception d’un projet. Notre action est-elle accessible et compréhensible par tous ? Développe-t-elle les savoirs et les capacités des personnes ? Développe-t-elle leur autonomie ? Quel est son impact sur le patrimoine ? Respecte-t-elle les droits des personnes ? » [Denis, 2013, p. 74]

« Le parti pris de la démarche incitant les parties prenantes de la vie locale à la concertation, la réflexion, l’analyse partagée, la complémentarité, la coopération et au partage des responsabilités, vise à repositionner chacun dans son rôle d’acteur et de bénéficiaire agissant en plein pouvoir de ses droits et devoirs ainsi qu’à raffermir ou à retisser les liens entre les pouvoirs publics, les services techniques des collectivités, les représentants de la vie locale » [Dageville, 2015, p. 39]

« L’intérêt de la démarche est de remettre l’individu au coeur de nos préoccupations. Trop souvent la conduite ou la reconduction de projets ou de dispositifs a pour effet de ne pas reconsidérer, requestionner ce qui a été à l’origine de leur création. S’arrêter et prendre le temps de la réflexion pour réévaluer l’intérêt de l’individu au regard des droits culturels, oblige à revenir sur les fondements mêmes des actions » [Hudelot et Marcinkowski, 2016, p. 92]

 

 

MISE EN ŒUVRE

Développer des pratiques basées sur le récit d’expérience
  • Permettre aux personnes de se présenter progressivement les unes aux autres et de tenir compte de la singularité de chacun. Rendre compte des difficultés et des désirs des personnes (N49, N50)
  • Permettre aux personnes de rendre compte de leurs expériences vécues, y compris des structures de service public, et en tirer des enseignements ressources pour l’accompagnement (N49, N50)
  • Diversifier les vecteurs d’échanges entre les personnes et diversifier les modalités du recueil des récits d’expérience (N49, N 50)
  • Développer la notion de parcours progressif dans les processus d’accompagnement des personnes (N48, N49, N50)
Développer les actions collectives et la participation aux débats publics
  • Faire des structures d’accompagnement des lieux d’accueil, de suivi individualisé et de prises d’initiative pour mener des actions collectives (N49, N50)
  • Créer une communauté d’acteurs rassemblés autour d’une problématique énoncée par les personnes impliquées dans un CER (N49)
  • Permettre que les acteurs impliqués dans un CER puissent prendre part aux différentes étapes de l’action collective (N49)
  • Sortir des représentations des places et des rôles joués par les personnes impliquées dans le CER et diversifier les modalités de contribution des uns et des autres à l’action collective (N49)
  • Faire de l’action collective un support de l’accompagnement en ce qu’elle démultiplie les occasions de rendez-vous et de rencontres avec d’autres (N49)
  • Faire des institutions publiques des lieux de proximité (physique et symbolique) pour mieux comprendre les enjeux de chacun (N48, N49, N50)
  • Susciter une dynamique de prises d’initiatives, créer des synergies par le biais des actions collectives menées (N49)
Contribuer au développement progressif de compétences et de savoirs
  • Expérimenter diverses modalités de développement des compétences et des savoirs entre les personnes impliquées dans le CER (N50)
  • Vivre des expériences partagées pour approfondir les connaissances sur les obstacles à l’insertion professionnelle des personnes ainsi qu’à leur participation à la vie culturelle (N49)
  • Valoriser toutes les compétences développées dans le cadre de la conduite d’une action collective (N49)
  • Reconnaître et valider les compétences acquises des personnes impliquées dans le CER (N49, N50)
  • Publier et diffuser largement les résultats issus des travaux menés dans le cadre d’actions collectives (N49)
Prendre en compte l’environnement des personnes impliquées
  • Tenir compte de la complexité des milieux culturels auxquels appartiennent les personnes impliquées dans un CER tout en développant les capacités des personnes à agir dessus (N50)
  • Elargir les réseaux d’interconnaissance entre acteurs impliqués directement ou indirectement dans un CER (N49)
  • Instaurer d’autres dynamiques de rapprochement inter-acteurs que celles basées sur les réseaux existants (N49)
  • Favoriser le travail inter-territoires pour faciliter la contribution des acteurs au CER. Faciliter les démarches des allocataires en dehors du territoire de résidence (N49, N50)

« Le culturel est la texture même du tissage social : la qualité, la souplesse, la solidité de son étoffe. C’est par le croisement des savoirs que chacun s’identifie lui-même et identifie les liens qu’il choisit et développe, ou auxquels il renonce. Son processus d’identification se fait en fonction des savoirs auxquels il peut avoir accès, qu’il s’agisse des liens à son propre corps, à son passé et à son avenir, ou des liens avec les objets et les êtres naturels, ou des liens avec les autres, proches ou lointains, avec et par les groupes et les institutions. Chaque personne, en son intimité, est un nœud social et un tisserand du tissu social au sein duquel elle évolue, et dont elle peut aussi se démarquer. […] Les références culturelles constituent la matière des liens sociaux. De la qualité de ces savoirs dépend celle des liens interpersonnels, ainsi que celle des croisements de liens qui constituent la texture des tissus sociaux. Lorsque le savoir est subi, non approprié, les liens restreignent les libertés. Dans le cas contraire, la texture sociale est vivante, parce qu’elle est tissage de libertés. C’est idéal, mais c’est l’objectif d’un « travail social » quel qu’il soit : soutien direct à la personne et à ses liens, éducation, information, soins, et de façon plus ou moins directe, toute activité de service. C’est idéal, mais c’est concret, car on sait que chacun n’est pas assez savant pour être libre, et que c’est donc dans le respect, le développement et le croisement des savoirs que se trouvent les premiers enjeux de lutte sociale.» [Meyer-Bisch, Paideia 2016, p. 11]

« Travailler en direction d’un public spécifique peut être une façon de rééquilibrer la balance des inégalités. Il est question d’établir des priorités, de ne pas considérer que chacun nécessite la même chose, de contextualiser l’action pour l’adapter au mieux à la situation. Pour autant, nous savons aussi combien travailler en direction d’un public spécifique peut finir par nous imposer des œillères, par cloisonner les systèmes de l’action publique. Le risque est alors grand que les personnes ne soient définies et ne se définissent elles-mêmes que par une catégorie supplantant ce qui fait la dynamique du processus identificatoire à une pluralité de ressources et références culturelles. Les inégalités peuvent alors se creuser entre ceux qui ont le choix dans l’expression « de leur humanité et des significations qu’ils donnent à leur existence et leur développement » (art.2, Déclaration de Fribourg) et ceux qui ne l’ont pas. Dans les cas d’école différentes formes d’action sont traitées. Nous pouvons les répartir en deux grandes catégories, à savoir l’action individuelle et l’action collective. Les liens entre les deux sont sûrement à creuser et la dialectique posée est alors nécessaire. Dans l’action collective se pose la question des contours du groupe. Si la nécessité de créer une communauté de personnes et de créer un espace de confiance est clairement identifiée, l’ouverture de ce groupe à d’autres que la catégorie de personnes visées par l’action est problématisée. Il faut faire entre les personnes qui se reconnaissent des vécus ou parcours comparables, car parfois cela est pertinent, comme dans le cas des systèmes d’évaluation du RSA par les allocataires par exemple. Et en même temps, il est aussi nécessaire d’éviter les enfermements en classe de « précaires » dont le vécu ne refléterait que l’expertise de la précarité. Certaines actions collectives décrites dans les cas d’école sont exemplaires puisqu’elles permettent de tenir les deux pôles dialectiques et de proposer des actions dont le cœur n’est pas de se retrouver entre « précaires » mais autour d’une action citoyenne ou d’une passion commune avec toutes personnes qui voudraient les cultiver. Ce type d’action questionne nécessairement la valorisation de ce qui est conduit et appelle au décloisonnement des services de l’action publique. Les enseignements de ces cas d’école sont nombreux et posent la question de la formation pour que les initiatives menées soient de plus grande envergure encore et redistribuent les places et les rôles de chacun au-delà de la bipartition « accompagnateurs » « accompagnés ». [Publication Paideia, 2015, p. 81]

« Plus largement les réflexions sur le DSL questionnent en permanence les enjeux de la démocratie de proximité. De l’usager à l’acteur, du citoyen à l’habitant, on ne conçoit plus aujourd’hui l’action publique sans la participation active des citoyens. L’expertise d’usage s’impose progressivement ce qui n’est pas sans conséquence sur l’identité professionnelle des techniciens. Ces réflexions sur la nécessaire triangulation de l’élu, du technicien et du citoyen ou encore du maître d’ouvrage, du maître d’oeuvre et du maître d’usage réinterrogent l’éthique au sens large. L’une des avancées les plus marquantes des 10 dernières années dans le département du Nord est certainement la pérennisation des forums permanents d’insertion qui permettent notamment aux citoyens allocataires du RSA d’exprimer un propos politique construit dans les instances de gouvernance. Il est singulier d’observer qu’une politique déconcentrée, c’est le cas du plan départemental d’insertion dans le Nord, a su concilier une approche conceptuelle aboutie et cohérente tout en laissant aux territoires une marge de manoeuvre conséquente dans la stratégie opérationnelle qui a permis le développement de ces forums. L’un des sujets du moment est certainement d’ouvrir ces forums aux publics concernés par nos politiques départementales pour les sortir du dispositif du RSA. Les droits culturels et plus précisément l’action des médiateurs culturels offrent une réelle opportunité de ce point de vue. […] Je reviens à la méthodologie et aux études de cas pour évoquer la culture de pilotage qui mûrit dans nos collectivités, et l’intérêt de compléter les éléments chiffrés d’éléments qualitatifs. Ce n’est pas sans lien avec le retour des monographies. C’est aussi un enjeu des droits culturels que de participer à une culture d’impact. Ce qui nous manque cruellement dans le DSL aujourd’hui et peut-être dans les droits culturels, c’est de pouvoir enrichir le dialogue d’impact. On additionne les processus, on vérifie qu’ils sont mis en oeuvre, on comptabilise de l’activité. Mais qu’en est-il de l’impact sur la vie des gens ? » [Jeanne, 2016, p. 32]

 

 

« Ce projet novateur allie les concepts de solidarité, de débrouille et de festival. La solidarité parce que c’est ensemble qu’on peut inventer des solutions innovantes face aux défis de notre époque. La débrouille pour s’adapter aux évolutions conjoncturelles et structurelles de la société. Le festival comme lieu de rassemblement de l’ensemble des acteurs, parce que le collectif nous enrichit au quotidien. Le festival de la débrouille solidaire comme levier pour l’émergence de projets sur le territoire. Quatre commissions thématiques (logement, bienêtre, mobilité et culture) ont construit pendant près d’une année les actions qui ont constitué la grande journée du 13 octobre 2012. Une centaine de participants se sont mobilisés à la mise en oeuvre et ont permis d’accueillir près de 700 festivaliers. Le festival a permis à de nombreux acteurs de construire des projets qui favorisent le mieux vivre ensemble. Par la participation des habitants à la construction de l’événement, le festival de la débrouille solidaire valorise le respect de la dignité humaine, le développement des personnes et des communautés, en favorisant l’expression de chacun. Il permet aux participants organisateurs et aux flâneurs d’un jour de mettre en lumière la diversité des savoirs des uns et des autres. Il concourt à l’objet même des droits culturels qui ne peuvent se définir qu’au regard des principaux droits sociaux : le droit de vivre dans un environnement de façon équilibrée, le droit à la santé, le droit de se nourrir, le droit de se loger correctement, le droit d’être acteur de la vie collective. En accompagnant les différents groupes thématiques, nous constatons qu’il n’y a pas de « pauvreté » mais des gens de peu d’argent, riches de savoirs, qu’il convient de valoriser. L’analyse au regard des droits culturels a mis en lumière que le domaine culturel est bien la trame conductrice du festival et non pas un des axes comme nous l’avions imaginé lors de sa mise en oeuvre. Il sera ainsi partie prenante du mois des diversités que nous programmons à l’automne prochain. Nos pratiques professionnelles sont modifiées par les expériences de la démarche Paideia. Nos actions devraient en être revitalisées » [Capon, 2013, p. 55]

« Les liens entre le monde du travail et l’action publique pour les habitants des territoires ne sont pas évidents. Les bénéficiaires des actions menées sur le champ du développement social ou culturel, participants ou pas, ont-ils la conscience du développement de leurs compétences utilisables sur le champ professionnel? Qui les leur reconnaît? Est-ce qu’ils se les reconnaissent? Quelle valeur ajoutée savent-ils exporter pour créer du Bonheur Intérieur Brut (à défaut de Produit Intérieur Brut)? J’ai utilisé la méthodologie Paideia pour décrire les métiers de techniciens de l’action publique avec eux : conseiller emploi – formation – insertion, animateur jeunesse territorial, chargé d’opération environnement. Tous oeuvrent au quotidien pour permettre aux habitants d’accéder à leurs ressources et pour favoriser leur intégration dans le territoire dans lequel nous vivons. Ils mobilisent des compétences, les leurs, celles de partenaires professionnels publics ou privés, celles des habitants. Au rythme des études de cas et de mes participations aux séminaires thématiques, j’ai entendu le désarroi des techniciens, des habitants, des managers, des élus : « Pourquoi est-ce qu’on n’arrive pas à se comprendre ? Nous savons pourtant tous faire des choses et nous voulons bien les faire ensemble ! » Au-delà des volontés, il y a la formalisation et la reconnaissance des compétences et des aptitudes : la verbalisation est en soi une oeuvre mais, pour se l’approprier, elle a besoin d’être partagée avec des experts reconnus. Qui sont-ils ? Comment les reconnaît-on ? Leur demande-t-on leur avis ? La compétence est une oeuvre qui se reconnaît, qui se transmet, qui s’acquiert. Ainsi, l’éducation, la formation et l’insertion sont des politiques publiques à visée culturelle. L’ouverture au monde économique devient une des conditions de l’efficience des actions sociales et culturelles, pour que les habitants se sentent acteurs de la responsabilité sociale des entreprises sur leurs territoires. Amener les services publics de l’emploi et les organisations d’employeurs à se questionner sur leurs cultures et leurs actions au regard des droits culturels est un chantier à entreprendre » [Urbatjel, 2015, p. 35]

 « En tant que médiateur culturel de territoire, ma mission est de travailler à destination des allocataires du RSA pour les remobiliser par le biais culturel et artistique. Par la réflexion menée autour des droits culturels j’accorde aujourd’hui beaucoup plus d’importance à la notion de « culturel ». L’artistique devient un support alors qu’au départ, c’était un levier premier de ma pratique. Entrer dans la démarche Paideia est très stimulant intellectuellement. Mais il faut aussi le mettre en oeuvre dans le quotidien, dans la relation à la personne comme dans le réseau partenarial. Avant, je ne voyais la personne qu’à travers la logique de la politique dans laquelle je suis, où la personne est considérée comme quelqu’un qui n’a pas accès à des ressources « culturelles » ou « artistiques », et de ce fait, je devais les « amener vers… ». Les droits culturels mettent en lumière que la personne est faite de multiples choses et c’est là qu’opère le changement de regard. Mon travail prend en compte tout un potentiel que je voyais moins auparavant. Être attentif au potentiel des personnes permet de les raccrocher non plus à une politique d’insertion mais davantage à une politique citoyenne. C’est vraiment la dimension nouvelle qui apparaît dans mon mode de relation au public. À un moment donné, oui on est allocataire du RSA, oui on a des difficultés d’ordre économique et social mais on a tout un potentiel sur lequel on peut travailler, sans gommer les réalités sociales et les réalités économiques qui sont des freins pour agir et sur lesquels nous avons les moyens d’intervenir. En effet, ces moyens d’action peuvent-être très pragmatiques, c’est par exemple la mise en place de véhicules pour que les gens puissent se déplacer. On pallie aussi à ces problématiques, elles ne sont pas niées. Mais avec cet autre regard, c’est sur le fond que nous pouvons intervenir essentiellement. J’ai en tête une action que je suis en train de mener avec un groupe de femmes qui veulent agir sur la violence conjugale. En prenant en compte leur potentiel en termes de citoyenneté, cette action peut vraiment s’inscrire aujourd’hui dans la durée et sur le territoire avec tout un réseau d’acteurs. C’est cela pour moi la plus-value de la démarche sur les droits culturels dans ma pratique. Il s’agit de voir ces personnes non plus comme des allocataires du RSA mais avant tout comme des citoyennes. La logique d’action est différente : il est question de voir comment on agit ensemble pour que leur initiative puisse trouver place dans un nouvel espace de collaboration, avec des partenaires qui sont déjà actifs sur cette thématique de la violence conjugale. Cela a élargit le champ de vision que j’avais des personnes. Je les voyais par un prisme et aujourd’hui je vois toujours ce prisme mais il y a quelque chose en plus sur lequel je peux travailler avec elles. Cela donne plus de marges de liberté et change complètement ma posture. Je recherche toujours leur adhésion, je leur dis qu’il n’y a pas d’obligation, et qu’elles doivent donner le sens qu’elles souhaitent à leur action. Cette posture est parfois déstabilisante pour les publics. Ce n’est pas une habitude dans les relations entretenues aux professionnels de l’action sociale. Mais c’est là que nous voyons leurs convictions se réaffirmer, sans nier pour autant la précarité dans laquelle elles se trouvent et ses conséquences. Ce changement de regard nous oblige à développer d’autres outils. Je me rends compte qu’il faut aller beaucoup plus sur des propositions de formation. Avant, je n’éprouvais pas forcément la nécessité d’en mettre en oeuvre. Je prends conscience que la participation des personnes ne se décrète pas, que des préalables sont nécessaires, dans l’esprit de l’éducation populaire. Aujourd’hui, si je veux que ces femmes prennent complètement place dans la société et dans la vie locale où elles sont, il faut aussi mettre en place de nouvelles propositions. Voilà ce que m’amènent les droits culturels : cette obligation de développer d’autres formes d’intervention pour aider les personnes à mieux asseoir leur citoyenneté, tout simplement » [Pinard, 2016, p. 35]

 

 

CAS D’ÉCOLE

Atelier bien-être pour les femmes issues de la communauté des Gens du voyage – N48

Observateur(s) : Séverine Vanootegem (contact)

Institutions : Conseil départemental du Nord – direction générale chargée de la solidarité – direction territoriale

Résumé : ca cas d’école part du constat que l’accompagnement social dans le domaine de l’insertion est parfois non adaptée à la prise en compte de la singularité des personnes. Dans la situation analysée, il s’agit des gens du voyage en particulier des femmes. Dès lors, des ateliers « bien-être » sont mis en place afin d’établir d’autres modes de relation entre acteurs sociaux et personnes accompagnées et ainsi de favoriser l’interconnaissance. Une attention particulière est portée sur les « normes culturelles » pouvant être produites et distillées à travers ce type d’action.

Ce cas d’école analyse au regard des droits culturels comment par le biais de la mise en place d’ateliers « bien être » concilier les exigences de la loi vis-à-vis du Contrat d’Engagements Réciproques et la prise en compte de la singularité des expériences des personnes et leurs références culturelles.

Forum ouvert MOBILITE à l’initiative des allocataires du Forum citoyen – N49

Observateur(s) : Vanessa Smagghe (contact)

Institutions : Association d’Action Educative et sociale (AAEs) – service Adultes – pôle médico-social – Forum Permanent de l’Insertion de la Flandre Maritime

Résumé : La loi 2008 instaurant le Revenu de Solidarité Active impose une représentation des allocataires du RSA aux grandes instances (Commissions Territoriale et Départementale d’Insertion, Equipe Pluridisciplinaire etc.). Le Conseil Départemental, souhaitant appliquer la loi, propose par le biais d’appel à projet la mise en place d’une instance permettant de recueillir la parole des allocataires du territoire. L’AAEs devient l’association porteuse du Forum Permanent de l’Insertion de la Flandre Maritime. Evoquant leurs difficultés de déplacements, les participants ont désiré organiser un Forum sur la question de la mobilité.

Ce cas d’école analyse au regard des droits culturels la mise en œuvre de ce forum sur la mobilité afin d’en évaluer l’impact en termes d’accompagnement des personnes allocataires du RSA et de participation au débat public.

Accompagnement des personnes marginalisées dans le cadre du nouveau CER – N50

Observateur(s) : Amandine Marlot (contact)

Institutions : Association d’Action Educative et sociale (AAEs) – service Adultes

Résumé : La Boutique de l’insertion est un lieu d’accueil, d’écoute et d’orientation des personnes les plus marginalisées du dunkerquois. Les travailleurs sociaux accompagnent la personne dans ses démarches de réinsertion sociale et professionnelle. En parallèle, la boutique dispose de deux instructeurs et référents RSQ qui proposent un accompagnement plus renforcé. Une rencontre a lieu une fois par mois accordant une attention particulière à l’expression des difficultés et des envies des personnes accompagnées afin de co-écrire le Contrat d’Engagements Réciproques avec elles.

Ce cas d’école analyse au regard des droits culturels comment la mise en place d’un tel accompagnement permet de mieux valoriser les compétences des personnes accompagnées, de faire changer le regard et les préjugés et de faire évoluer les pratiques.

DÉPLOIEMENT DE L’ANALYSE D’UN CAS

Récit de la pratique N49

« Contexte législatif : La loi 2008 instaurant le Revenu de Solidarité Active impose une représentation des allocataires du RSA aux grandes instances (Commissions Territoriale et Départementale d’Insertion, Equipe Pluridisciplinaire etc.). Le Conseil Départemental souhaitant appliquer la loi, propose par le biais d’appel à projet la mise en place d’une instance permettant de recueillir la parole des allocataires du territoire, d’échanger sur leurs difficultés quotidiennes et de faires remonter leurs paroles lors des instances compétentes. Ce dispositif s’inscrit dans une dynamique de Développement Social Local et figure sur le Plan Départemental d’Insertion. L’AAEs répond à l’appel à projet est devient l’association porteuse du Forum Permanent de l’Insertion de la Flandre Maritime. A partir de ce moment, le Conseil Général laisse l’AAE libre de l’organisation de ce Forum. Attention, les porteurs des Forums sont différents sur chaque territoire (Centre sociaux, associations). Sur le département du Nord, il existe 8 Forums Permanent de L’insertion. Chacun d’eux fonctionnent différemment.

En Flandre Maritime, le dispositif se décline de la manière suivante :

  1. Atelier de Travail (AT) : réflexion sur une thématique, création d’un support pour matérialiser la réflexion. 10 à 20 participants sur une commune (il y a pour le moment 10 AT identifiés)
  2. Plénière : retranscription des travaux menés en AT, tous les participants du Forum sont invités, ainsi que des professionnels afin de dispenser une information collective (fréquence 1 fois par trimestre)
  3. Représentant : organisation d’une élection, accompagnement lors du mandat (1 an renouvelable une fois), il y a 4 représentants.
  4. Groupe PROJET : des participants volontaires se réunissent afin d’écrire et réaliser un projet
  5. Interforum : union des 8 Forums du territoire. Les coordinateurs et les représentants des forums se réunissent afin de travailler sur une thématique à l’échelle départementale.

Au cours du premier AT, les participants ont évoqué leurs difficultés de déplacement. L’absence de mobilité serait un frein à l’insertion professionnelle, culturelle et sociale. Ensemble, sont répertoriés : les différents modes de transport existants sur leur commune et alentours ; les horaires et points de ramassage et dépôts ; les différents organismes auxquels ils doivent se rendre et leurs permanences ; leurs besoins et freins (financier, information, psychologique, transports non adaptés, organisation des rattachements administratifs)

A partir de ces constats, réflexion sur la manière d’avoir plus d’information sur la MOBILITE et recherche de solutions concrètes et réalisables, création de supports pour passer le message suivant « l’absence de mobilité crée notre isolement”. La rencontre avec une jeune stagiaire au service des transports du Département s’interrogeant sur la mobilité des nordistes a permis d’évoquer une journée déjà organisée par des professionnels permettant d’avoir en un même lieu plusieurs informations. Cela a donné l’idée aux participants d’organiser une journée pour faire remonter ses difficultés aux professionnels spécialisés sur cette thématique.

L’accompagnement à la démarche :

  1. définir les objectifs exacts de la journée (faire remonter les difficultés, échanger, s’informer)
  2. cibler les intervenants spécialisés,
  3. aider à la rédaction des courriers (demande de prêt de salle, invitations aux professionnels)
  4. créer et rédiger la communication autour de cette journée

Déroulement de la Journée :

Matin : tables rondes pour recueillir les paroles et échanger entre personnes accompagnées et professionnels (tirage au sort pour répartir les personnes sur les tables). Après-midi : stands de professionnels pour informer sur leur structures et rôles. Un questionnaire de satisfaction a été proposé pour collecter des témoignages sur la journée. Un des partenaires de la journée, l’AFEJI (association de lutte contre toute forme d’exclusion) a proposé un baptême de solex et scooter sur place ainsi qu’une initiation au code de la route (gratuit). La direction du Conseil Général a rencontré les personnes à l’initiative de ce projet ».

Article 3a
  • Toute personne est libre de participer à la journée. L’objectif est de permettre aux allocataires et aux professionnels de s’exprimer et d’échanger librement sans distinction (tirage au sort pour constituer les tables) : tous, citoyens soucieux de la qualité de vie pouvant apporter son “expertise”. Le comité de pilotage pluri-acteurs a permis que chacun puisse s’exprimer et dire ce qu’il attend de l’autre.

Freins au respect de ce droit : expression des allocataires pas suffisamment représentative. Non présence d’allocataires hors participants au FPI.

[Art 3a – l’analyse rend compte des conditions mises en œuvre pour favoriser l’expression singulière des personnes. La thématique commune semble permettre d’exprimer son expertise sans assignation à une catégorie sociale]
Article 3b
  • Attention particulière à ce qu’il y ait un maximum de personnes allocataires du RSA puisqu’il s’agit d’une action permettant de faire évoluer le dispositif et leur condition de vie. Cet évènement avait pour objectif de démystifier les structures telles que les CCAS, le Pôle Emploi. Réciproquement les structures et professionnels en apprennent plus sur eux-mêmes et sur les autres. Le tirage au sort à l’entrée orientant vers les tables a permis de diversifier le public de chaque table. Expériences des transports en commun pour venir à l’événement pour « se mettre dans la peau de la personne qui le vit ». Les professionnels ont su apporter des informations adaptées sans faire de distinction ou infantiliser.

Freins à l’effectivité de ce droit dans l’action :
Certains professionnels ne sont venus que l’après-midi sans comprendre les objectifs de la journée.
Volonté qu’il y ait plus de personnes rencontrant ou non les difficultés travaillées pour échanger sur les expériences de chacun et les solutions qu’ils trouvent au quotidien.

[Art. 3b – l’analyse rend compte de conditions mises en œuvre pour favoriser l’expression d’une diversité de savoirs et leur croisement – lien à la production d’informations adéquates – Art.7]
Article 4
  • Les ateliers de travail sont en recomposition permanente suivant la participation des allocataires. Les participants peuvent être adhérents d’un centre social, d’une association d’insertion, d’un centre d’hébergement, simplement être le parent d’un allocataire qui vient se renseigner…

Les participants entre eux se connaissent déjà. Ils ont très vite identifié les personnes extérieures. L’action crée une communauté autour du même intérêt pour cette problématique. C’est là que nous avons une parole collective très forte et une réelle existence en tant que FPI.

[Art. 4 – L’analyse rend compte de la traduction de la notion de « communauté » dans cette pratique mais également de la communauté que l’action génère. Certains éléments pourraient compléter les analyses notamment sur la référence à l’allocation RSA pour faire « groupe » – à relier à l’Art. 3a]
Article 5
  • Participation libre sans engagement, possibilité d’avoir des informations et de s’exprimer. Cette forme permet de répondre en un même lieu aux principales questions sur la thématique abordée. Le FPI gagne en « popularité » et visibilité dans le débat public. Le travail fourni lors des tables rondes de la matinée a été transmis au service de la ville qui a entamé un chantier sur la mobilité. Beaucoup de participant revendique leur adhésion et fréquentation régulière au FPI

Freins à l’effectivité de ce droit :
Certains du groupe ne sont plus venus : peur de livrer leurs difficultés sans que cela bouge.
Nécessaire de continuer ce travail mais ce n’est plus du ressort du Forum. Objectif du FPI : délivrer une expertise sur une thématique. Le Conseil Départemental, financeur de l’action, a entendu et réfléchit pour apporter des solutions selon ses compétences.
Les limites sont clairement définies au sein du FPI. Il ne s’agit pas de révolutionner, de protester, mais bien de travailler ensemble. ce la demande d’accepter de rentrer dans une démarche de travail sans pour autant avoir des réponses dans l’immédiat.

[Art. 5 – L’analyse rend compte des conditions de participation au débat public mises en œuvre. Cela permet également de prendre la mesure de certaines limites et des frustrations qui peuvent être générées]
Article 6
  • Les allocataires ont pu échanger, se sont entraînés à poser des questions, créer des supports d’expression… Il y a eu des rencontres afin de préparer cette prise de parole et des séances de préparation pour les professionnels. Limites à l’échange de savoirs : le comportement revendicateur et non productif
[Art. 6 – L’analyse rend compte que le débat public ne s’improvise pas et qu’il demande une préparation pour tous les acteurs impliqués – art 5]
Article 7
  • Pour informer de la journée : affichage, mail (répertoire de tous les mails des référents RSA du territoire + plaquettes de communication et affiches sur le FPI). Les invitations et affiches pour la journée par les participants. Mais ces informations ne sont pas suffisantes.
[Art. 7 – L’analyse rend compte d’une limite : celle de penser le droit à l’information seulement du point de vue de la diffusion par supports informatifs]
Article 8
  • Coopération en cours avec les professionnels accompagnant des allocataires pour les orienter vers le FPI. Le FPI doit encore faire ses preuves à leurs yeux. Nécessité de valoriser la complémentarité des actions existantes et le FPI, cette coopération peut être vécue comme une compétition (cela dépend du référent RSA car rôle d’intermédiaire entre l’allocataire et le FPI. Si le référent n’est pas convaincu par l’intérêt et le bien-fondé que peut apporter une participation au FPI, l’allocataire n’accrochera pas)
[Art 8 – L’analyse rend compte des multiples coopérations nécessaires pour organiser une action de ce type. Les leviers sur lesquels il reste à agir pour améliorer l’action sont mis à jour]
Conclusion

RESSOURCES

  • « Du droit à la culture aux droits culturels. Une première année d’observation et d’évaluation des politiques publiques départementales au regard des droits culturels », Publication Paideia, 2013.
  • « Itinéraires. Du droits à la culture aux droits culturels, un enjeu de démocratie », Publication Paideia, 2015.
  • « Ouvertures de chantiers, développer les droits culturels dans le champ du social, la lecture publique et le numérique, les patrimoines, mémoires et paysages, l’éducation et la jeunesse », Publication Paideia, 2016.
  • Ackermann Y., « 4 départements s’engagent », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p.15
  • Capon F., « Festival de la débrouille solidaire », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 55
  • Dageville S., « Développement durable », in Itinéraires, Publication Paideia, 2015, p. 39
  • Denis S., « Développement durable et droits culturels, même combat ? », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 74
  • Gallet C., « Témoignages », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 32
  • Gallet C., « A l’horizon des possibles », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 66
  • Hudelot M., Marcinkowski A., « Vers une politique publique intégrée », in Ouvertures de Chantiers, 2016, p. 92
  • Jeanne A., « Approche comparée du DSL et des droits culturels », in Ouvertures de Chantiers, Publication Paideia, 2016, p. 32
  • Kanner P., « 4 départements s’engagent », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p.16
  • Meyer-Bisch P., « Innover dans les politiques publiques en réalisant les droits culturels », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 21
  • Meyer-Bisch P., « Cultiver la texture sociale, comprendre le potentiel social des droits culturels » in Pratiques artistiques et intervention sociale », Vie Sociale n°5, 2014, pp. 11-25.
  • Meyer-Bisch P., « Du « vivre ensemble » au « vivre en intelligence », comprendre le potentiel social des droits culturels », in Ouvertures de chantiers, 2016, p. 10
  • Pinard S., « Changer de regard », in Ouvertures de chantiers, Publication Paideia, 2016, p. 35
  • Pryen S., « Tenir ensemble redistribution et reconnaissance », in Ouvertures de chantiers, Publication Paideia, 2016, p. 23
  • Urbajtel R., « Ateliers collectifs d’insertion professionnelle », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 52
  • Urbajtel R., « Le développement des compétences », in Itinéraires, Publication Paideia, 2015, p. 35
  • Vienne N., « Le travail social », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 48
  • Willig P., « Témoignages », in Du droit à la culture aux droits culturels, Publication Paideia, 2013, p. 33
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