Recherche-action dans le cadre de la démarche Paideia.
Pour le développement de ce chantier, nous faisons nôtre l’hypothèse selon laquelle les (biens) communs sont les biens nécessaires au respect des droits fondamentaux des personnes, selon la définition qu’en donne le constitutionnaliste italien Stefano Rodotà.
À partir de cette hypothèse, nous souhaitons observer comment la prise en compte des droits culturels vient enrichir les expériences en cours autour des biens communs en valorisant davantage :
- leur portée démocratique
- l’innovation sociale qu’elles expérimentent
- leur potentiel en termes de développement d’une citoyenneté active
- la reconnaissance et la valorisation des capacités des personnes qu’elles permettent.
Réciproquement, le chantier permettra de vérifier comment les expériences menées autour des communs deviennent des terreaux privilégiés de réalisation des droits culturels des personnes par les formes de coopération et de subsidiarité qu’elles instaurent, par les systèmes d’éducation populaire qu’elles développent, par la façon qu’elles ont de mobiliser les histoires, les capacités et le pouvoir d’agir des personnes impliquées.
La Convention de Faro offre dans ce sens un terrain exceptionnel pour la rencontre de ces référentiels et des pratiques. En effet, elle pose au centre des enjeux patrimoniaux le rôle de la « communauté patrimoniale » qui se réunit et s’organise autour d’un patrimoine, en lui conférant ainsi un statut de bien commun. Ce patrimoine/bien commun catalyse, sans les figer, les valeurs, les histoires, les mémoires dans lesquelles les personnes et les communautés s’identifient et retrouvent du sens. La communauté se mobilise alors autour de ce patrimoine pour le préserver et le réinventer, en expérimentant des nouvelles formes de gouvernance et de valorisation, des nouveaux circuits touristiques et économiques fondés sur des principes de contribution et de partage. Par leurs pratiques, ces acteurs agissent dans une logique d’innovation sociale, expérimentent des nouvelles formes d’organisation et mobilisent les ressources des personnes dans une logique de développement durable (culturel, social, économique, écologique) des territoires.
Le patrimoine devient le point de départ pour un travail du « commun ».
Les expérimentations en matière de patrimoine avec une approche de biens communs restent quand à elles peu nombreuses, le territoire marseillais se distinguant comme l’un des terrains les plus avant-gardistes dans ce domaine en France. (voir notre balade avec la coopérative d’habitants Hôtel du Nord)
L’approche de ces questions au regard des droits culturels implique nécessairement une interprétation généreuse de ce qui fait patrimoine. Le patrimoine devient ici une catégorie de réflexion et d’action ouverte, en construction, qui mobilise les histoires, les mémoires et les capacités des personnes et des communautés.