Restitution de la rencontre Patrimoines et biens communs

La Gare Franche, Marseille les 7 et 8 février 2017

La pochette des participants

Vous trouverez ci-dessous les documents de la pochette des participants à la rencontre « Patrimoines et biens communs au regard des droits culturels » et des documents complémentaires sur la thématique de la rencontre. Marseille, la Gare Franche, les 7 et 8 février 2017.

Les présentations des intervenants

 Présentation Pourquoi les biens communs ?  par Irene Favero

Irene Favero développe une recherche sur le lien entre communs et droits culturels et participe au développement de démarches et de projets qui relient ces deux référentiels et les pratiques. Diplômée d’un master d’économie et gestion des arts et des activités culturelles à l’Université de Venise, Irene a été chargée de projets au sein d’associations anglaises, françaises et brésiliennes opérant auprès des personnes en situation de pauvreté culturelle. Pour le Réseau culture 21, elle s’occupe notamment de l’émergence, la restitution et la capitalisation des ressources et des expériences. En 2012, elle suit également le cours en Démocratie participative et développement urbain durable de l’Université d’architecture de Venise pendant lequel elle se forme aux différentes méthodes d’implication des citoyens dans les démarches participatives.

 

 

Pour le développement des communautés patrimoniales, par Patrice Meyer-Bisch

Philosophe, Patrice Meyer-Bisch est le fondateur de l’Observatoire de la diversité et des droits culturels de l’Université de Fribourg et le coordinateur du groupe de Fribourg, auteur de la Déclaration sur les droits culturels (2007). Il mène des recherches d’observation/action dans plusieurs pays en Europe, en Afrique de l’Ouest et au Maghreb. Ses recherches et son enseignement porte sur l’ensemble des droits de l’homme dans leurs rapports au politique et à l’économie, en particulier les droits culturels et les droits économiques. Il a activement participé à l’écriture de la Convention de Faro au Conseil de l’Europe.

 

La Convention de Faro dans 20 ans de récits à Marseille, par Christine Breton

Les travaux de Christine Breton, conservateur honoraire du patrimoine et docteur en histoire, renversent le point de vue sur la ville et prennent pour centre l’ensemble des quartiers septentrionaux de Marseille. Elle nourrie une longue expérience à travers une mission expérimentale créée en 1995 sur le territoire du Grand Projet Urbain où elle a été nommée pour y appliquer les principes européens de patrimoine intégré (coordination et création de réseaux avec la société civile ; recherches et suivi scientifique avec les habitants et les professionnels du patrimoine ; coordination avec l’autorité scientifique, le Conseil de l’Europe et diffusion des textes comme la convention de Faro ; coproduction d’événements et de balades patrimoniales…).

 

Rebonds des invités

 L’intervention de Joëlle Zask

Joëlle Zask est philosophe, spécialiste de philosophie politique et du pragmatisme, maître de conférences HDR à l’Université de Provence. Traductrice de John Dewey, elle a publié plu- sieurs ouvrages qui questionnent les formes démocratiques de la participation. Elle travaille par ailleurs sur les enjeux poli- tiques des pratiques artistiques contemporaines.

 

 

 L’intervention de Fabienne Orsi

Fabienne Orsi est économiste, chargée de recherche au Laboratoire Population-Environnement-Développement (LPED) à Marseille et chercheuse associée au CEPN. Son thème de recherche a longtemps concerné l’articulation entre l’établisse- ment de nouvelles normes de droit de propriété intellectuelle et la problématique de l’accès à la connaissance et aux innovations dans les domaines du vivant et du médicament. Avec le lancement en 2010 du projet ANR « Propriété intellectuelle, Communs, Exclusivité » elle s’engage dans une recherche pluri- disciplinaire sur les communs de la connaissance avec comme principal champ d’intérêt l’étude du lien entre gouvernement des communs et propriété. Elle participe à plusieurs recherches visant à développer une conception alternative de la propriété.

 

 

Les ateliers

 

La balade 

Partage de lectures

Zohra : Le premier bâtiment qui a été démoli ici, ça a été vraiment spectaculaire ! La grue qui cassait, le sang qui coulait…
Martine Derain (qui interview Zohra) : Le sang ?!
Zohra : Oui, le sang, la grue… Le sang , c’était des poches de peinture rouge qui avaient été placées là… Tu avais l’impression que le bâtiment saignait, c’était tout un spectacle ! J’étais petite, j’ai assisté à ça, en 1989…Et puis, nous avons eu une grande soirée, un barbecue géant, tous les gens du quartier étaient invités… c’était vraiment un spectacle… immense ! Nous attention la réhabilitation !… et c’était le signe qu’elle recommençait ! On la voulait aussi cette démolition : les années 80, ça avait été si dur, l’enfer, les années de drogue… C’était le début de quelque chose de nouveau ! Et puis rien, on a attendu… Les gens allaient dans les « appartements -tiroirs », je n’aime pas ce terme mais c’est comme ça qu’on les appelle. Regrouper les gens dans les appartements vides, puis casser petit à petit… Ou décourager petit à petit , pour que les gens partent d’eux-mêmes, c’était le but… C’est une politique, ça, le découragement ?
Martine : Tu as donc vu la première démolition quand tu étais petite. Quand j’arrive avec Dalila en 1997, tu n’étais plus toute petite, et tu organises le squat !
Zohra : On était plusieurs enfants mariés mais vivant chez nos parents. La « décohabitation » était interdite sur le site, ils nous demandaient de partir mais sans promesse de retour et tu sais bien que quand on demandait à se loger ailleurs, personne ne voulait nous louer… et on devait rester, pour s’occuper de nos parents… Un jour, on a fait appel à la CGT, mais avant de squatter, nous avons parlé ! On a frappé à toutes les portes ! Pendant plusieurs mois… Et puis, pas d’issue, alors nous avons squatté, à 15 familles, les appartements vides. Il y en avait beaucoup, plus de la moitié de la cité était vide déjà, mais jamais dans les immeubles promis à démolition pour ne pas être accusés de bloquer la réhabilitation. Certains ont eu des propositions alléchantes, dans le 9ème arrondissement, les quartiers bourgeois où on n’avait même jamais rêvé d’aller… avec les loyers d’aujourd’hui, il ne peuvent plus tenir… On avait aussi un syndicat très fort, Monsieur Zarga, qui a imposé ici le blocage des loyers… Tout raser, récupérer le plateau, c’était l’idée… Un jour sans doute, quelqu’un de très important a pris l’autoroute, a levé les yeux, s’est demandé : « Mais qui sont ces gens qui ont l’air si bien là-haut, l’air, et la vue sur la mer ? » Il est venu : « Ah ! Mais ces gens-là ne doivent pas rester là ! » Est-ce que ça c’est passé comme ça ? Ça a dû se passer comme ça…
C’est très dur de squatter, cette impression d’être un voleur alors qu’on est chez soi (nos parents ont toujours payé les loyers, et nous aussi)… On passe de l’autre côté… On a commencé à squatter le 17 octobre 1999… Après le tribunal – on devait quitter les lieux – on a voulu que tout le monde connaisse l’histoire de Plan d’Aou, alors on s’est installés à la mairie du 15/16 avec les enfants, la mairie de Guy Hermier, que Dieu est son âme, lui c’était… Ensuite, on est rentrés chez nous. Un beau matin, on trouve le quartier encerclé par les CRS, juste avant la trêve des expulsions, les pompiers, la police, les journalistes, les déménageurs, la direction d’Erilia… Toutes nos affaires au garde-meuble… Ils ont expulsé tout le monde sauf moi ! Je n’ai toujours pas compris pourquoi ! Je ne voulais pas quitter mon appartement, mais un jour que j’étais en famille, mon mari, épuisé – tout le monde venait chez moi, sonnait à n’importe quelle heure pour demander tel ou tel conseil, régler tel ou tel problème – a accepté le relogement, la maison individuelle… Je m’y suis habituée, mais plus de vue sur la mer, et on a été repoussés à l’intérieur du plateau… Tu veux une histoire de Plan d’Aou ? Ici, on dit qu’on avait vue sur la mer et que maintenant on a vue sur nos mères !

Ressources complémentaires

• Bouchard Johanne, Projet d’article pour les actes des 3èmes rencontres internationales du patrimoine culturel immatériel en Bretagne : « Le patrimoine au regard des droits culturels : ressource vivante et dynamique »,

• Dolff-Bonekämper Gabi, « Les cadres sociaux et spatiaux du patrimoine – Quoi de neuf dans la Convention de Faro ? », dans “Le patrimoine et au-delà”, Editions du Conseil de l’Europe (2009)

• Favero Irene, « Culture et biens communs, un enjeu de démocratie », paru dans la Lettre n°85 de Culture & Démocratie.

• Meyer-Bisch Patrice « Du “droit au patrimoine” : l’approche innovante des articles 1 et 2 de la Convention de Faro », dans “Le patrimoine et au-delà”, Editions du Conseil de l’Europe (2009).

• Orsi Fabienne, « Reconquérir la propriété : un enjeu déterminant pour l’avenir des communs », par , paru dans “Les possibles” – hiver 2015.

• Wanner Prosper et Breton Christine, « Le patrimoine départemental : bien commun et échanges économiques » (2006).

• Wanner Prosper « Propositions pour une politique publique patrimoniale en faveur du droit au patrimoine », sociétaire d’Hôtel du Nord, le 11 janvier 2016.

• Zask Joëlle : ressources sur son blog

• Sons de la balade à l’opidum du Verduron du 17 novembre 2015 organisée par Hôtel du Nord, documentée par Remix the commons.

• Vidéo de présentation de l’expérience d’Hôtel du Nord

Ressources citées par les participants et intervenants

Les récits d’hospitalité de Christine Breton

 

Évaluation de la rencontre

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